Vous aimez le cinéma? Vous avez la nostalgie des grandes cuvées du Festival de Cannes, lorsque le monde entier regardait vers la Croisette. Est-ce encore le cas aujourd’hui? La 77e édition de ce rendez-vous unique au monde du septième art, celle qui vient de s’achever par la Palme d'Or à «Anora» de l’Américain Sean Baker, était-elle à la hauteur?
On a beaucoup parlé de la vague #Metoo qui risquait de déferler sur Cannes et de gâcher la fête. On s’attendait à des listes de noms, à des acteurs mis en cause au moment de monter les marches du Palais des festivals. Camille Cottin avait donné le ton lors de la cérémonie d’ouverture, le 14 mai, en lançant cet avertissement: «Les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d’hôtels des messieurs tout-puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois suite à l’adoption de la loi #MeToo, et on s’en félicite.». Mais la magie de Cannes est-elle encore au rendez-vous?
La Suisse, invitée d’honneur
Il y a deux façons de voir ce festival crée en 1939 en France, sur la Côte d'Azur, pour concurrencer la biennale du cinéma lancée à Venise par le «Duce» Benito Mussolini. Un festival où, cette année, la Conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a passé trois jours d’échanges intenses et de rencontres puisque la Suisse était l’invitée d’honneur du Marché du Film, après l’Inde en 2022 et l’Espagne en 2023.
La première manière de juger le Festival de Cannes consiste à regarder les récents palmarès qui n’ont guère produit de succès planétaire. «Anatomie d’une chute», le dernier film français à avoir décroché la Palme d’or en 2023 totalise – et c’est un succès – 1,5 millions d’entrées un an plus tard. «Anora», le film récompensé cette année, ne semble pas parti pour un destin commercial irrésistible. Logique pour un festival qui ouvre ses portes aux grands films commerciaux (comme «Mad Max» Furiosa cette année, en ouverture), mais mise souvent sur la contre-programmation et les récompenses en phase avec les questions de société.
La seconde consiste, justement, à se dire que Cannes est d’abord le reflet de son époque. Moins de soirées d’anthologie aujourd’hui, mais aussi un monde du cinéma bouleversé par les séries, par l’internet, par l’abandon des salles par les jeunes générations qui préfèrent leurs écrans.
Jusqu’aux chambres de l’Eden Roc
Pourquoi avoir consacré au Festival de Cannes un épisode d’Helvétix Café? Parce que nous avons la chance d’avoir à bord deux fins connaisseurs du cinéma et de la Croisette. Catherine Schwaab, notre excellentissime consœur, a passé des années à arpenter le tapis rouge et à y traquer les vedettes jusqu’à leurs chambres de l’hôtel Eden Roc. François Garçon, ancien de Canal Plus, a tout connu du Cannes des années folles!