La victime avait «disparu des radars». Le parquet de Nantes a annoncé mercredi la mise en examen d'un homme de 82 ans et d'une femme de 60 ans pour la «séquestration avec torture ou actes de barbarie» d'une femme pendant plusieurs années à Saint-Molf, en Loire-Atlantique.
La victime, âgée de 45 ans et «fragile psychologiquement», a été hospitalisée en état «d'hypothermie», a indiqué à l'AFP le procureur de Nantes, Antoine Leroy, confirmant des informations du quotidien «Ouest-France». Elle était contrainte de vivre dans le jardin ou dans un garage attenant à la maison où vivaient les deux personnes mises en cause, a-t-il précisé.
Elle a réussi à s'enfuir
Profitant d'un moment où l'homme regardait la télévision pour «sortir de l'enclos extérieur dans lequel elle était enfermée», la quadragénaire s'est présentée le 14 octobre vers 21h30 chez des voisins. «Dévêtue en grande partie, elle est venue frapper à la fenêtre» et a affirmé être «séquestrée» depuis environ cinq ans, a détaillé le magistrat.
La victime a expliqué qu'elle «vivait en colocation dans la maison avec une autre femme» jusqu'à l'arrivée de l'octogénaire. Elle a alors «été priée de quitter les lieux de la maison pour aller vivre dans le jardin, soit dehors, soit dans une tente, soit dans un garage attenant à la maison», a poursuivi M. Leroy.
Des conditions affreuses
Elle était le plus souvent enfermée dans le garage. «Elle dormait dans des conditions extrêmement précaires, sur un transat. Elle faisait ses besoins dans un pot ou dans des sacs plastique. Elle mangeait de la bouillie mélangée à du liquide vaisselle», a indiqué le procureur. «Elle était empêchée de sortir», a-t-il ajouté. Sur place, les gendarmes ont constaté que la porte du garage était bloquée depuis l'extérieur par des parpaings.
Fragile psychologiquement
«C'est une femme particulièrement fragile psychologiquement et donc en état de vulnérabilité, sinon elle se serait probablement défendue autrement. Elle a réussi à sortir quelquefois de la maison mais elle y revenait», a-t-il ajouté. La victime «pouvait passer des journées entières dehors, dans le froid, sous la pluie, et elle a indiqué également être victime de violences». Le médecin légiste a prescrit à la victime 30 jours d'incapacité totale de travail (ITT).
D'après le procureur, la victime avait «disparu des radars» depuis avril 2022, date correspondant à son divorce. «Ses comptes bancaires n'étaient plus actifs sauf à verser des sommes d'argent importantes» aux mis en cause.
Les deux personnes mises en examen
Ces deux personnes ont été placées en garde à vue à la fin de la semaine dernière et «ont admis une partie de la matérialité des faits, mais en les minimisant considérablement», selon M. Leroy.
Ils ont été ensuite mis en examen pour «séquestration avec torture ou actes de barbarie», crime passible de la prison à perpétuité, ainsi que pour «abus frauduleux» de «l'état de sujétion psychologique ou physique d'une personne» et de la «faiblesse d'une personne vulnérable».
L'octogénaire a été placé sous contrôle judiciaire, tandis que la femme avec qui il vivait a été placée en détention provisoire. L'enquête se poursuit à Nantes sous l'autorité du juge d'instruction saisi.