L'avocat général a requis vendredi une peine de «réclusion criminelle à perpétuité incompressible» contre Dahbia Benkired, accusée du meurtre de Lola, 12 ans, violée, torturée et tuée en octobre 2022 à Paris.
«La peine se doit d'assurer la protection de la société, de prévenir la commission de nouvelles infractions et de restaurer l'équilibre social» et d'être «à la hauteur de l'extrême gravité» des trois crimes commis, «de la souffrance qu'ils ont engendrée chez les victimes comme sa famille», «de leur cruauté», a justifié le représentant de l'accusation devant la cour d'assises de Paris.
La perpétuité «incompressible», ou «sûreté incompressible», est la peine la plus élevée prévue par le code pénal français. Elle n'a à ce jour jamais été prononcée contre une femme.
Aucune pathologie
Au cours d'un exposé d'environ une heure et quinze minutes, l'avocat général s'est montré implacable envers Dahbia Benkired, aujourd'hui 27 ans, dont il a estimé que «si (sa) situation est atypique, c'est du fait de son extrême dangerosité».
«Ne vous y trompez pas», a-t-il mis en garde les trois magistrats professionnels et six jurés populaires qui examinent son cas depuis vendredi dernier, «aucun traitement médicamenteux ne saurait fondamentalement transformer la personnalité de Dahbia Benkired. Quand il n'y a pas de maladie, il n'y a pas de traitement.»
Au cours des débats, trois experts psychiatres avaient à la fois exclu toute pathologie de l'accusée qui aurait pu l'exempter de sa responsabilité pénale, en dépit de traits de personnalité «psychopathiques», et insisté sur leurs réserves quant à la possibilité de soins. «Le risque de la récidive, il est maximum du fait de ces traits de personnalité, du fait de l'absence de traitement adapté», a ainsi estimé le représentant de l'accusation.
«Un homme, ça s'empêche»
Dahbia Benkired vivait à l'époque des faits par intermittence chez sa soeur, dans un immeuble du XIXe arrondissement de Paris. Elle est accusée, le 14 octobre 2022, d'avoir attiré sous la contrainte Lola, la fille des gardiens de la résidence, dans son appartement, et de l'avoir violée, torturée puis tuée en lui obstruant les voies respiratoires avec du ruban adhésif.
S'en était suivie une fuite erratique, chargée d'une malle dans laquelle elle avait placé le corps de la fillette. «Celle qui se présente à nous, je ne vois qu'une continuité inquiétante, qui fait frémir», a fustigé l'avocat général, qui avait introduit son réquisitoire par les mots d'Albert Camus: «Un homme, ça s'empêche.» «Dahbia Benkired, elle ne s'empêche pas, elle ne s'empêche plus», a-t-il estimé.