Un ancien prêtre star des réseaux sociaux en France, qui avait fait ses adieux sur TikTok en décembre pour ne pas risquer de devenir «un gourou», a annoncé quitter l'Eglise catholique, affirmant n'être «plus suffisamment en phase avec l'Eglise institutionnelle».
«Je me retire de la prêtrise. Il me semble que je ne suis plus suffisamment en phase avec l'Eglise institutionnelle pour continuer de rester l'un de ses prédicateurs ou encore un de ses gestionnaires ou fonctionnaires du culte», indique Matthieu Jasseron, alias Père Matthieu, dans une vidéo postée dimanche sur Youtube, qui totalisait lundi soir plus de 74'000 vues.
«Bien sûr dans l'absolu, je reste prêtre, un peu comme des gens qui auraient été mariés», ajoute-t-il, filmé dans un décor champêtre. «Je continue de croire», assure celui dont l'approche iconoclaste avait attiré 1,2 million d'abonnés sur le réseau social TikTok, prisé des jeunes, et qui sort mercredi un livre, «Le pouvoir du kintsugi: sublimez ce qui est brisé». Mais «je crois que ça ne serait pas honnête vis-à-vis de moi et à l'égard de tous (…) de continuer d'accepter d'être officiellement curé», poursuit-il.
«Molesté et agressé physiquement par un évêque»
Affirmant avoir «eu à supporter ces treize derniers mois» des «faits inattendus, surprenants et particulièrement difficiles à digérer», notamment de la part de sa hiérarchie, Matthieu Jasseron dénonce des «failles dans l'Eglise» qui «porte en son sein une organisation hiérarchique qui peut facilement créer la confusion entre le spirituel et le politique et qui donc par là crée le terreau le plus fertile qu'il soit pour exacerber ce que les uns et les autres portent de mauvais, de malsain». Il assure avoir été notamment «molesté et agressé physiquement par un évêque» ou avoir «subi l'intimidation de prêtres intégristes».
Le père Matthieu s'était lancé au printemps 2020 sur TikTok, de sa paroisse de Joigny, dans le centre-est de la France. Dans ses vidéos, il répondait sans tabou aux questions de fidèles, au risque de bousculer la doctrine catholique et de s'attirer les foudres des plus conservateurs qui le traitaient d'«hérétique».
Il avait aussi irrité les évêques en publiant une vidéo où, à la question «est-ce qu'en étant gay, on est toujours chrétien?», il répondait que «nulle part, il n'est marqué que c'est un péché» La Conférence des évêques de France (CEF) avait alors affirmé «désapprouver certaines de ces vidéos qui dénaturent le message de l'Église».