Sept ans d'emprisonnement et un maintien en détention ont été requis mercredi contre le rappeur Koba LaD, jugé à Créteil pour un accident de la route mortel dans lequel il a reconnu être «en faute».
«On a l'impression que M. Loutarila (son nom à l'état civil, NDLR) n'a pas compris que c'est lui le prévenu, que c'est à lui qu'on reprochait d'avoir tué M. Dogbey, que c'est à lui qu'on reprochait d'avoir blessé (la passagère et le conducteur du camion)», a déclaré le procureur, qualifiant les déclarations de Koba LaD de «reconnaissance de façade».
Le ministère public a également requis l'annulation du permis de conduire et l'interdiction de l'obtenir pendant dix ans, ainsi qu'une interdiction de contact pendant trois ans avec l'ensemble des parties civiles. «De A à Z, je suis en faute, du début à la fin je suis en faute, par ma faute j'ai perdu l'un de mes meilleurs potes et c'est dur de vivre avec, madame», avait expliqué plus tôt Koba LaD, qui comparaît pour homicide involontaire aggravé, dans une salle d'audience pleine à craquer.
«Vous avez présenté des excuses à la famille Dogbey, ils attendent des réponses»
Dans l'accident avait été tué le passager avant, un ami proche du rappeur, tandis que la petite amie du défunt, assise à l'arrière, avait été légèrement blessée. Au volant d'une berline sportive de luxe et testé positif au cannabis, Koba LaD (Marcel Junior Loutarila à l'état civil), âgé aujourd'hui de 25 ans, avait percuté à grande vitesse un camion à l'arrêt sur une bretelle de sortie d'une station-essence.
Élégant dans son ensemble gris et soigneusement coiffé, l'artiste, qui comparaît détenu, a répondu à l'audience aux questions qui lui étaient posées et formulé à plusieurs reprises des excuses. Il s'est parfois essuyé les yeux. Il a maintenu sa version des faits, selon laquelle l'accident a eu lieu en raison d'une queue de poisson d'une voiture sur l'autoroute, qui l'a forcé selon lui à faire une «mauvaise manoeuvre» ayant conduit à l'accident.
«Vous avez présenté des excuses à la famille Dogbey, ils attendent des réponses», a tancé l'une des avocates de la famille de la victime. «J'ai fait une erreur», répond-t-il. «Ce n'est pas une erreur monsieur, il y a mort d'homme!», s'est-elle indignée, soulignant qu'il avait plus tôt dans l'audience fait un lapsus en assurant qu'il «n'avait pas tué» comme un «criminel».
Le délit pour lequel il comparaît est aggravé par deux circonstances: la vitesse excessive à laquelle il roulait et la consommation de stupéfiants. Deux éléments que sa défense compte nuancer lors des plaidoiries.
Les analyses toxicologiques réalisées après l'accident avaient détecté dans son sang une concentration de THC, principal ingrédient actif du cannabis, entre 1,1 et 1,3 nanogramme par millilitre, selon l'ordonnance qu'a pu consulter l'AFP. «La dernière fois que j'ai fumé c'était 10 jours avant», a-t-il assuré. «Ce n'est pas possible compte tenu de vos taux», a glissé à un autre moment la présidente, en référence aux deux analyses précitées.
Violence et stupéfiants
Ce procès n'est pas la première affaire pour laquelle Koba LaD fait face à la justice: il a déjà été condamné à plusieurs reprises. A deux reprises pour des violences en 2022, une fois sur son manager historique et l'autre lors d'une soirée en boîte de nuit à Paris.
Il a également écopé d'une peine de prison pour des stupéfiants retrouvés dans sa cellule. Un autre accident de voiture dans lequel il était impliqué avait conduit à sa condamnation en 2002 à trois mois de prison avec sursis à Marseille.
Récemment, son nom a par ailleurs surgi autour de l'évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires au péage d'Incarville (Eure) le 14 mai 2024: Koba LaD a été mis en examen en mars dans cette affaire et placé sous contrôle judiciaire.
Il est poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de commettre un délit puni de cinq ans d'emprisonnement. Cette mise en examen «ne repose tout simplement sur rien», avaient dénoncé Mes Stéphane Cherqui et Arthur Vercken, jugeant que le rappeur n'était placé sous ce statut qu'«à cause de sa notoriété et au seul prétexte qu'il connaît des protagonistes de l'affaire».
Certains suspects dans ce dossier sont soupçonnés d'appartenir à la Black Manjak Family, présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants, avec de possibles liens avec Koba LaD.