Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche en Haute-Vienne pour dénoncer la construction d'une route, qu'ils qualifient de «plus chère de France», mais présentée par l'Etat et des collectivités comme «nécessaire», notamment pour des raisons de sécurité.
Le coût de ce tronçon de 6,5 km à 2x2 voies, au nord de Limoges, est chiffré à 132 millions d'euros, soit plus de 20 millions par kilomètre. «On sent que le sujet commence à parler aux gens parce qu'il y a des enjeux énormes derrière ce projet de route la plus chère et la plus inutile de France», a déclaré à l'AFP Vincent Laroche, membre du collectif d'associations Alouettes 147 en lutte contre ce projet, qui se félicite d'une participation doublée par rapport au dernier rassemblement au printemps.
«Trop chère, mais nécessaire»
Localement, les collectivités assument pourtant leur choix. «Cette route est trop chère, mais nécessaire», reconnaît Stéphane Destruhaut, vice-président (PS) du conseil départemental chargé des routes, qui juge qu'elle améliorera la fluidité et réduira les émissions des poids lourds.
Guillaume Guérin (LR), président de Limoges Métropole, l'un des financeurs avec l'Etat, le Département et la Région, dit «entendre l'argument du prix» mais assume lui aussi le projet, dont le coût a explosé en raison de «l'inaction des politiques depuis tant d'années».
Le tribunal administratif de Limoges, saisi en référé, a confirmé la légalité du projet le 13 novembre. Le préfet de Nouvelle-Aquitaine, Etienne Guyot, a souligné «la rigueur de la procédure» et «l'enjeu sécuritaire», affirmant comme les élus, que le tronçon actuel présente un taux d'accidents mortels «deux fois supérieur à la moyenne nationale». Selon M. Laroche pourtant, les accidents graves se concentrent «au nord du département, pas du tout près de Limoges».
Destruction de 11'000 arbres
Les commissaires enquêteurs, qui avaient rendu un avis défavorable au projet au mois de juin, ont d'ailleurs estimé que le secteur «ne montre pas de différence d'accidentologie notable par rapport aux moyennes nationales».
Pour protester contre la destruction de 11'000 arbres, les manifestants ont symboliquement effectué des plantations sur le site de l'une des premières coupes rases, a constaté un photographe de l'AFP.
«Pour nous le chantier ne doit pas démarrer en 2026, car les recours n'ont pas été jugés au fond» par le tribunal administratif, où trois procédures sont en cours d'instruction, a relevé M. Laroche.