Police spécialiste des fugitifs
Après 32 ans de cavale, un meurtrier français a été arrêté en Espagne

Un homme condamné pour meurtre à Marseille en 1993 a été retrouvé en Espagne après 32 ans de cavale. Le Groupe de recherches des individus en fuite de Lyon, créé en 2024, a localisé plus de 40 criminels en fuite, démontrant l'efficacité de cette unité spécialisée.
Publié: 07:14 heures
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Le Groupe de recherches des individus en fuite a une quinzaine de dossiers. (image d'illustration)
Photo: KEYSTONE
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AFP Agence France-Presse

En cavale depuis 32 ans, un homme condamné pour un meurtre commis à Marseille a finalement été localisé en Espagne, grâce aux investigations d'une petite unité de la police lyonnaise spécialisée dans la recherche des fugitifs.

Mari ayant tué leur femme, trafiquant de drogue, petit caïd: depuis sa création en 2024, le groupe de recherches des individus en fuite (Grif) de Lyon a localisé plus de 40 criminels, la plupart condamnés en leur absence, qui se dissimulaient jusqu'en Indonésie, expliquent ses enquêteurs à l'AFP.

Meurtre en 1993

Leur dernier coup, révélé par le quotidien régional Le Progrès, s'est conclu à Figueras, en Catalogne, où ils ont retrouvé un sexagénaire, condamné pour avoir tué de plus de 50 coups de couteau un homme dans un bar de Marseille en 1993.

Vite suspecté, il avait pris la fuite et la cour d'assises d'Aix avait prononcé une peine de 30 ans de réclusion par contumace. Pendant des décennies, il est resté hors des radars, malgré l'émission d'un mandat d'arrêt européen.

Récemment la police a appris qu'il était incarcéré dans une prison espagnole sous une fausse identité, pour trafic de stupéfiants. En s'intéressant à ses proches, le Grif a compris que sa sœur envoyait des mandats près de Figueras et que ses frères s'y étaient rendus. Le 2 juillet, la police espagnole lui a notifié l'existence du mandat d'arrêt, afin qu'il soit remis à la France dans les 90 jours.

La plus longue cavale

Parmi les dossiers résolus par le Grif, cet homme est celui qui est resté le plus longtemps en cavale. Mais ses enquêteurs ont aussi mis la main sur un fugitif, resté au vert pendant 17 ans après des violences par armes à feu, qu'ils ont retrouvé à Saint-Tropez, six mois avant la prescription des faits.

«On est remonté jusqu'à lui grâce à son compte sur le réseau social Snapchat et en suivant sa compagne. Il vivait sous une fausse identité et avait même créé des sociétés», relève un membre de cette cellule. Le Grif, mis en place à l'occasion de la réforme de la police nationale, est une déclinaison de la Brigade nationale de recherches des fugitifs, créée en 2003 et qui a notamment permis l'arrestation du «roi de la belle», Rédoine Faïd.

Sa compétence territoriale est théoriquement liée à celle du tribunal de Lyon et de sa Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), soit l'Auvergne-Rhône-Alpes, mais les mouvements des personnes en fuite leur apportent aussi des affaires.

Reconnaissance faciale

Un «petit caïd» recherché pour trafic de stupéfiants depuis quatre ans à Metz a ainsi été localisé à Lyon, où il était venu se faire faire des faux papiers avec la complicité d'un employé municipal.

«Les fugitifs se grillent souvent en demandant des papiers, car ils doivent fournir une photo d'identité et les outils de reconnaissance faciale les identifient même des années après», relèvent les enquêteurs.

Le Grif est également intervenu pour arrêter un Belge localisé aux Deux Alpes, en Isère. Condamné et détenu pour le meurtre de sa femme, il s'était enfui pendant une permission de sortie. Même s'il changeait d'emploi tous les deux mois, il travaillait sous sa vraie identité, ce qui l'a trahi.

Une quinzaine de dossiers

Les trois enquêteurs de la cellule lyonnaise sont actuellement en charge d'une quinzaine de dossiers chacun, beaucoup liés aux stupéfiants, car «les trafiquants ont de l'argent pour partir loin».

Ils pourraient en avoir beaucoup plus. «Le nombre de personnes recherchées est infini, même si le nombre de ceux que l'on recherche activement est plus resserré. On doit établir des priorités» avec la gravité des crimes et la date de la prescription comme curseurs, expliquent-ils.

S'ils sont satisfaits de leur bilan, un dossier reste source de frustration: ils ont réussi à localiser un homme condamné pour des violences familiales, parti à Bali, mais faute d'accord d'extradition avec l'Indonésie, il reste libre.


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