En marge des émeutes
Trois policiers en garde à vue après le décès d'un homme à Marseille

Nouveaux soupçons de violences policières à Marseille. Cinq policiers du Raid, une unité d'élite, ont été placés en garde à vue mardi dans une enquête sur la mort d'un homme de 27 ans en marge des émeutes début juillet. Deux d'entre eux ont été relâchés.
Publié: 08.08.2023 à 12:56 heures
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Dernière mise à jour: 09.08.2023 à 11:28 heures
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Rassemblement en hommage à Mohamed Bendriss, mort en marge des émeutes, le 6 juillet 2023 à la cité Air Bel à Marseille
Photo: CHRISTOPHE SIMON

«Ces gardes à vue interviennent sur commission rogatoire du juge d’instruction», a expliqué le parquet de Marseille dans un communiqué. Il a ajouté que plusieurs autres policiers ont également été convoqués afin d’être «entendus en qualité de témoins».

Dans la nuit du 1er au 2 juillet, alors que le centre de Marseille était en proie à des dégradations et pillages à la suite de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué à Nanterre par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin, Mohamed Bendriss, 27 ans, avait perdu la vie après un malaise alors qu'il circulait à scooter.

C'est lors de l'autopsie du corps de cet homme marié, père d'un enfant et dont la veuve attend un deuxième enfant, qu'avait été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l'impact d'un tir de LBD (lanceur de balle de défense). Le 4 juillet, une information judiciaire était ouverte pour «coups mortels avec arme» et confiée à la police judiciaire et à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Le parquet jugeait «probable» que le décès de cet homme ait été «causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d'un projectile de type Flash-Ball» (autre nom du LBD).

Marche blanche

Quelque 200 personnes s'étaient rassemblées pour une marche blanche le 6 juillet à la cité Air Bel, à Marseille, au pied de l'immeuble où vit la veuve de Mohamed. «Sa mère dit que son fils n'était pas dans les émeutes», a indiqué mardi à l'AFP Kaouther Ben Mohamed, présidente de l'association «Marseille en colère!», qui s'était mobilisée lors de la marche blanche début juillet.

Les proches de Mohamed avaient également espéré qu'une enquête «loyale et objective» ait lieu. Ils avaient souligné le 7 juillet à travers un communiqué des avocats Thierry Ospital et Frédéric Coffano, conseils respectivement de la compagne et de la mère de Mohamed Bendriss, que la famille «recherche uniquement et seulement la vérité et la justice» et qu'elle n'entendait «en aucun cas polémiquer et porter des accusations ou anathèmes à l'encontre de quiconque».

Le même soir qu'Hedi

Jusqu'ici, peu d'éléments avaient filtré et son cas était passé dans l'ombre d'une autre affaire survenue la même nuit en marge des émeutes, celle d'Hedi, où des policiers sont également soupçonnés de violences. Après avoir reçu lui aussi un tir de LBD, mais au niveau de la tête, ce jeune homme de 22 ans avait été passé à tabac à Marseille et une partie de son crâne a dû être amputée.

Le 21 juillet, quatre policiers de la brigade anticriminalité de Marseille avaient été mis en examen du chef de «violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 8 jours» aggravées par trois circonstances en ce qu’elles ont été «commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions». Sur ces quatre fonctionnaires, trois avaient été placés sous contrôle judiciaire et un placé en détention provisoire, où il se trouve encore après le rejet de son appel début août par la Cour d'appel d'Aix-en-Provence. Cette détention provisoire avait déclenché une fronde dans certains commissariats, des policiers se mettant en arrêt maladie ou n'effectuant qu'un service minimum.

Une autre affaire de LBD

Une troisième affaire concernant une plainte à l'encontre de policiers est toujours en cours d'instruction à Marseille: Abdelkarim Y., 22 ans, se dit victime d'un tir de LBD de policiers du Raid dans la nuit du 30 juin au 1er juillet. Cousin de Mohamed Bendriss, il a perdu l'usage de son œil.

Le parquet a ouvert une enquête préliminaire du chef de «violences volontaires en réunion ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme».

(AFP)

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