La plainte pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation par personne dépositaire de l'autorité publique est en cours de dépôt, a indiqué dimanche à l'AFP l'avocate du jeune homme, Me Lucie Simon, confirmant une information du journal Libération. «C'est une qualification criminelle, on n'est pas dans un état de légitime défense ou de nécessité, j'en veux pour preuve les images qu'on a et le fait qu'il n'ait pas été interpellé par la suite», a-t-elle précisé.
Sur des clichés circulant sur les réseaux sociaux et des vidéos, on voit un policier donner un coup de matraque à l'entrejambe d'un homme au sol, qui tient un appareil photo dans une main, puis repartir. L'homme avait été jeté au sol par un autre policier, selon son récit. «C'est un coup si fort qu'on a dû lui amputer un testicule. Un geste extrêmement violent et gratuit qui confine au sadisme», a estimé l'avocate de l'ingénieur toujours hospitalisé. La scène s'est déroulée au moment de heurts entre manifestants et forces de l'ordre, près de la place de la Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes.
Des conséquences irréversibles
Une enquête administrative interne est ouverte depuis samedi, a indiqué la préfecture de police de Paris. Le préfet de police Laurent Nuñez «a demandé au directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) à ce que les circonstances exactes de l'incident rapporté soient éclaircies», a-t-elle ajouté. Les faits se sont produits selon elle «dans un contexte d'extrême violence et dans le cadre d'une manoeuvre de police pour interpeller des individus violents». La manifestation avait rassemblé dans la capitale 80'000 personnes selon le ministère de l'Intérieur et 400'000 selon le syndicat CGT.
L'ingénieur, qui vit en Guadeloupe, «est encore en état de choc et n'arrête pas de demander pourquoi» il a été blessé. «Il ne représentait pas un danger, il ressent une incompréhension, un choc et une colère car il va subir des conséquences irréversibles», a souligné Me Simon.
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a exprimé son «empathie» envers le jeune homme tout en soulignant «la nécessité de comprendre les conditions dans lesquelles cette intervention a été réalisée» et «d'identifier ce qui relève de la légitime défense». «C'était une séquence assez lourde pour les forces de l'ordre qui étaient, pour certaines d'entre elles, attaquées» selon la préfecture, a-t-il rappelé. «Quand on regarde l'image, on est forcément interpellé» et «rien ne justifie de se retrouver opéré de la sorte, de se retrouver blessé», a estimé le porte-parole.
(ATS)