Complotisme et cyberharcèlement sur X
Le rappeur antivax Booba lâche sa meute de trolls sur deux journalistes

Les journalistes français Julien Pain et Linh-Lan Dao sont ciblés par des messages virulents postés sur X (anciennement Twitter) par le rappeur Booba. La raison? Leur travail de fact-checking qui contredit la croisade antivaccinale en lien avec le Covid de l'artiste.
Publié: 28.01.2024 à 14:15 heures
Booba, qui se produisait ce samedi 27 janvier à Genève, s'en prend avec véhémence sur X à deux journalistes qui ont fact-checké ses assertions antivax.
Photo: AFP
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Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

Le rappeur Booba a été plusieurs fois porté aux nues par le service public français ces derniers mois. Notamment pour son combat contre «les influvoleurs», mais aussi pour la gueguerre qui l’oppose au trublion du PAF Cyril Hanouna. Depuis quelques jours toutefois, la romance semble tourner à l'aigre.

Posons le décor. Le 18 janvier, «le duc de Boulogne», en pleine croisade antivaccinale en lien avec le Covid, a relayé sur X (anciennement Twitter), auprès de ses 6,3 millions d’abonnés, la dernière vidéo de Marc Doyer. Cet homme accuse depuis des mois le vaccin Pfizer d’avoir provoqué chez son épouse la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Le message de la star, considérée comme «un petit frère» par le sulfureux chercheur marseillais Didier Raoult, est sans équivoque. «Je prends le risque, écrit le maître de l’Auto-Tune installé à Miami. Je sais qu’il dit la vérité et vous le savez aussi. Beaucoup trop de gens sont dans son cas. Ouvrez les yeux, c’est maintenant ou jamais.»

Booba, c’est celui qui dit qui l’est

Depuis, deux journalistes ont fact-checké cette assertion (dès 42:30 en cliquant ici), démontrant au passage son ineptie. Il s’agit des Français Julien Pain et Linh-Lan Dao. Booba, de son vrai nom Élie Yaffa, n’a visiblement pas apprécié que les salariés de Franceinfo fassent leur travail. Dans une série de tweets digne d’une cour d’école, le quadragénaire qui se produisait ce 27 janvier sur la scène de The Beat Festival à Genève, s’attaque pêle-mêle à leur physique ou encore… à leur nom — oui, oui.

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Pas de quoi désarçonner Julien Pain, qui a maintenu sa demande d’interview au fondateur du collectif 92i. Pour l'instant, en vain. Également harcelée, visée par ailleurs en raison de son genre et de ses origines, Linh-Lan Dao dénonce à ce propos «un appel à la meute» et pointe «un potentiel délit». Toujours sur le réseau social d’Elon Musk, les deux journalistes ont reçu «le soutien entier» de la rédaction TV de Franceinfo.

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Plusieurs publications antivax

Ce n’est pas la première fois que Booba s’illustre de la sorte. «Libération» souligne qu’il «s’est clairement positionné contre les vaccins, notamment ceux contre le Covid-19, n’hésitant pas à relayer les pires théories sur le sujet».

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Par exemple? En avril 2020, soit deux mois après le début de la pandémie, «B2O» postait sur X — comme le rappelait le spécialiste de la complosphère Tristan Mendès France sur France Inter en mars 2022 — une vidéo du militant antivaccin Christian Tal Schaller, auteur de l’ouvrage «Vaccin, génocide planétaire».

Ex-médecin, adepte de traitements alternatifs comme l’urinothérapie (qui consiste à boire son urine), Christian Tal Schaller assurait: «Aujourd’hui, les vaccins sont inutiles, inefficaces et dangereux, je le dis depuis un demi-siècle, mais depuis maintenant un mois, […] il y a dans les vaccins des quantités d’aluminium absolument toxiques […]. Il faut arrêter d’empoisonner les gens, on ne peut plus continuer cette folie. […] C’est la fin de l’empire vaccinal.» L’histoire ne dit cependant pas si Booba préfère les vertus de sa propre urine à celles des sérums développés par des laboratoires pharmaceutiques.

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