«Pour sauver nos collègues»
Ces chercheurs américains se sont réfugiés dans le sud de la France

Des chercheurs américains trouvent refuge à Aix-Marseille Université, fuyant les pressions sur la liberté académique aux États-Unis. Le programme 'Safe place for science' offre un havre pour la recherche mondiale avec un budget de 15 millions d'euros.
Publié: 17:07 heures
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Dernière mise à jour: 17:08 heures
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L'historien américain Brian Sandberg à Marseille, le 26 juin 2025.
Photo: AFP

L'université d'Aix-Marseille, qui avait lancé en mars un appel aux chercheurs américains dont la liberté académique pourrait être menacée par la politique de Donald Trump, a accueilli jeudi les premiers scientifiques, qui resteront dans le sud de la France pour trois ans.

«Le principe de liberté académique, de même que tout le système de l'enseignement supérieur est vraiment en danger aux Etats-Unis», a insisté Brian Sandberg, un historien originaire de l'Illinois qui assistait avec une dizaine de ses compatriotes à une cérémonie d'accueil organisée par Aix-Marseille Université (AMU).

C'est au moment de revenir dans son pays après avoir pris part à une conférence en France en mars que M. Sandberg a décidé de candidater au programme «Safe place for science» ("un endroit sûr pour la science") lancé par AMU, l'une des plus importantes universités de France en nombre d'étudiants (80'000 dont 12'000 internationaux).

Dans l'avion, «je me demandais si j'allais être arrêté» à la douane, ce qui «n'a finalement pas été le cas mais m'a amené à réfléchir à ce qu'est mon statut en tant que chercheur», a expliqué lors d'une conférence de presse l'historien américain, en insistant sur le fait que «tous les domaines de la recherche et l'enseignement supérieur sont touchés».

Aix-Marseille Université a indiqué avoir reçu, dans le cadre de son programme, 298 candidatures émanant de chercheurs venus notamment d'institutions prestigieuses comme Berkeley, la Nasa ou encore Stanford. A l'issue d'un processus de pré-sélection, 39 candidats qui travaillent dans les domaines de la santé, l'astrophysique, les sciences humaines ou encore du climat ont été retenus, et le recrutement d'une vingtaine d'entre eux est en train d'être finalisé pour une installation en France dès septembre.

«Sauver nos collègues américains, accueillir nos collègues américains, c'est aussi accueillir et favoriser la recherche mondiale», a insisté Eric Berton, président d'Aix-Marseille Université, lors de la cérémonie organisée dans un des laboratoires qui accueillera des chercheurs, le laboratoire d'astrophysique de Marseille.

Le budget de «Safe place for science» s'élève à 15 millions d'euros, avec des enveloppes allouées aux chercheurs pour une durée de trois ans.

Ces dernières années, 25 chercheurs venant d'Ukraine, du Yémen, d'Afghanistan ou plus récemment des territoires palestiniens ont par ailleurs été accueillis dans le sud de la France avec leurs familles, dans le cadre du programme «Pause», qui soutient les chercheurs et artistes contraints à l'exil.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a amorcé une profonde refonte du paysage scientifique aux États-Unis, pays phare de la recherche mondiale, plongeant nombre d'acteurs dans la sidération et en poussant certains au départ. 

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