Mis en cause par une enquête du Washington Post qui l'accuse de liens avec le Kremlin en vue d'affaiblir le soutien de Paris à l'Ukraine, le RN a dénoncé mardi «une cabale». Mais tout en confirmant sa volonté de revenir sur les sanctions visant la Russie. Selon l'enquête du journal américain, la Russie mènerait une entreprise de subversion en France, dans laquelle le parti d'extrême droite de Marine Le Pen jouerait un rôle important.
Le quotidien cite des «documents du Kremlin, obtenus par un service de sécurité européen» impliquant l'entourage de Vladimir Poutine, dont les méthodes, selon lui, combinent l'influence des réseaux sociaux - orientés à l'aide de «fermes à trolls» - et l'appui de partis d'extrême droite. L'objectif plus large est de déstabiliser l'Europe, d'après le Washington Post. «Tous les gouvernements d'Europe occidentale seront changés», assure Jean-Luc Schaffhauser, ancien député européen affilié au Rassemblement national (RN) et cité par le journal.
«Tout ça est une cabale»
Le Washington Post, dans son enquête publiée samedi, affirme aussi que M. Schaffhauser «loue un étage de sa résidence» à Strasbourg au numéro deux de l'ambassade de Russie en France - qui siégeait au Conseil de l'Europe jusqu'à son exclusion en mars 2022. «Tout ça est une cabale», a réagi le porte-parole du RN Laurent Jacobelli sur Sud Radio, affirmant qu'il «n'y a aucun lien» entre la Russie et son parti.
En juin dernier, la rapporteuse macroniste d'une commission parlementaire avait qualifié le FN (devenu RN) de «courroie de transmission» de la Russie, en insistant sur «l'alignement» du parti sur le «discours russe» au moment de «l'annexion illégale» de la Crimée en 2014, survenue peu de temps après la signature d'un prêt auprès d'une banque tchéco-russe.
«Le RN est bien le porte-parole du Kremlin en France» et «joue un rôle prépondérant pour relayer la propagande de Poutine», a estimé, après l'enquête du Washington Post, le parti présidentiel Renaissance du président Emmanuel Macron, dans un message sur X. Un «élément de langage macroniste» balayé par Laurent Jacobelli, qui a rappelé la «position claire» du RN sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie, condamnée par Marine Le Pen dès février 2022.
Mais le parti reste sceptique sur «l'aide à l'armement offensif» de Kiev et opposé aux «embargos inutiles» imposés à Moscou. A cinq mois des élections européennes, Laurent Jacobelli n'a d'ailleurs pas caché qu'une victoire de l'extrême droite entraînerait «un changement radical, notamment dans les sanctions imposées à certains pays à cause de leur politique».
(ATS)