Abolition peine de mort
Robert Badinter «entre au Panthéon avec les Lumières»

Emmanuel Macron a rendu hommage à Robert Badinter lors de son entrée au Panthéon jeudi. Le président a souligné l'importance des combats de Badinter pour l'abolition de la peine de mort et la défense de l'État de droit.
Publié: 09.10.2025 à 20:15 heures
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Dernière mise à jour: 09.10.2025 à 21:45 heures
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Robert Badinter a été panthéonisé ce jeudi.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Robert Badinter est entré jeudi au Panthéon, le temple de l'universalisme républicain, «avec les Lumières» et «les principes de l'Etat de droit», lors d'une cérémonie solennelle en hommage à l'artisan de l'abolition de la peine de mort.

Emmanuel Macron a promis dans son discours de continuer à «porter» son combat «jusqu'à l'abolition universelle». «Pour Robert Badinter, chaque jour devant nous doit être un 9 octobre», date de la loi de 1981 portant l'abolition de la peine de mort, a dit le chef de l'Etat sous la nef du Panthéon.

«Plus une justice qui tue»

Peu avant, le cénotaphe, cercueil au nom de l'ancien avocat et garde des Sceaux décédé en février 2024 à l'âge de 95 ans, était entré dans l'ancienne église du centre de Paris, devenue monument funéraire portant sur son fronton la devise «Aux grands hommes, la patrie reconnaissante».

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Sous les applaudissements du public venu nombreux, les mots du discours du ministre de la Justice de François Mitterrand ont résonné, quand il demanda à la tribune de l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981, et obtint «l'abolition de la peine de mort en France», conformément à un engagement du président socialiste à rebours de l'opinion de l'époque.

«Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue», lançait l'homme de droit devenu homme politique aux députés dans un débat passionné.

Julien Clerc sur scène

Parmi les temps forts, Julien Clerc a interprété sa chanson «L'assassin assassiné» consacrée en 1980 à la lutte pour l'abolition du châtiment suprême. Le comédien Guillaume Gallienne a lu un texte de Victor Hugo, précurseur dans ce même combat. Ce texte, comme d'autres, a été choisi par la veuve de l'avocat qui sauva plusieurs hommes de la guillotine, la philosophe Élisabeth Badinter, également applaudie à son arrivée sur place.

«Robert Badinter entre au Panthéon avec les Lumières et l'esprit de 1789», «avec les principes de l'Etat de droit», a déclaré Emmanuel Macron dans son discours. «Il entre au Panthéon et nous entendons sa voix qui plaide ses grands combats essentiels et inachevés: l'abolition universelle de la peine de mort, la lutte contre le poison antisémite et ses prêcheurs de haine, la lutte pour la défense de l'Etat de droit», a ajouté le chef de l'Etat.

Il a rappelé que Robert Badinter était «né dans les années vingt ravagées par la haine des Juifs» et «s'est éteint dans nos années vingt où à nouveau la haine des Juifs tue». «N'éteignons jamais cette colère face à l'antisémitisme», a martelé le président de la République.

Cinquième panthéonisation

La journée a été ternie par une profanation de la tombe de Robert Badinter dans la matinée à Bagneux, où il est effectivement enterré. Les «tags qui insultent ses engagements contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l'homosexualité», dénoncés par le maire de la ville, ont été rapidement nettoyés. «Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire», avait immédiatement réagi Emmanuel Macron.

Prévue de longue date, cette cinquième panthéonisation sous ses mandats sera une parenthèse en pleine crise politique pour le chef de l'Etat, qui doit décider d'ici vendredi soir quoi faire pour sortir le pays de l'impasse.

Celui qui fut aussi président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995 repose désormais symboliquement au Panthéon, à travers des objets déposés dans son cénotaphe: sa robe d'avocat, une copie de son discours sur l'abolition de la peine de mort et trois livres dont un de Victor Hugo. Dans le caveau «des révolutionnaires de 1789», où reposent Condorcet, l'abbé Grégoire et Gaspard Monge depuis le bicentenaire de la Révolution.

«Universalisme républicain»

Emmanuel Macron a déjà fait entrer dans la nécropole républicaine Simone Veil, rescapée d'Auschwitz et auteure de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, l'écrivain chroniqueur de l'horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale Maurice Genevoix, la star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker, et le résistant communiste d'origine arménienne Missak Manouchian.

L'historien et résistant Marc Bloch sera à son tour panthéonisé mi-juin, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944. Pour l'historien Denis Peschanski, le fil conducteur de ces choix présidentiels est l'«universalisme républicain». «C'est la France des Lumières, qu'incarnait Robert Badinter à travers son combat abolitionniste mais aussi sa défense acharnée des victimes et sa lutte pour les droits».

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