«Boca, c'est plus fort que tout»
Une journée à Miami avec les fans de Boca Juniors

Les supporters de Boca Juniors sont plus de 25'000 à Miami pour la Coupe du monde des clubs. Blick a vécu une journée au coeur de la folie «jaune et bleu». Reportage en immersion.
Publié: 24.06.2025 à 18:36 heures
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Dernière mise à jour: 24.06.2025 à 18:37 heures
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Boca Juniors, pour les petits comme pour les grands!
Photo: Getty Images
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Il a fallu attendre le petit-déjeuner du lendemain matin pour pouvoir croiser un fan de Boca Juniors et ne pas l'entendre chanter. Depuis leur arrivée à l'aéroport de Miami jusqu'au bout de la nuit, les fans du club le plus populaire d'Amérique du Sud n'ont en effet jamais -on écrit bien jamais- arrêté de chanter leur amour pour les «Xeneize» et ils ont largement fait honneur à leur réputation lors de ce match face au Bayern, le deuxième pour leur équipe préférée dans cette Coupe du monde des clubs. Et même la défaite (2-1) ne les a pas empêchés de crier leur joie et leur fierté de défendre les couleurs de Boca, eux qui se définissent volontiers comme étant «La 12», comprenez le douzième homme de leur équipe.

Plus de 25'000 fans de Boca étaient présents à Miami pour le choc face au Bayern.
Photo: imago/Beautiful Sports

Ils étaient largement plus de 25'000 au Hard Rock Stadium de Miami et ils ont mis une ambiance formidable, tout comme ils l'avaient fait à une quinzaine de kilomètres de là, sur les plages mythiques de Miami. Les vacanciers qui n'étaient pas au courant que la Coupe du monde des clubs se jouait également en Floride ont dû être très largement surpris en voyant débarquer des hordes de fans «jaune et bleu», lesquels n'ont jamais hésité à se baigner tout habillés dans l'Atlantique, en chantant tour à tour leur amour pour Boca Juniors, Diego Maradona et l'Argentine. 

L'Atlantique, source de réconfort après une défaite.
Photo: AFP

«Je suis venu depuis Buenos Aires», lâche ainsi Diego, le bien prénommé, en buvant une bière super fraîche tirée d'une glacière qu'il porte sur son dos. «Je fais les deux matches à Miami. Dès que le tirage au sort a eu lieu, je n'ai pas hésité une seule seconde. Il y a plein d'Argentins ici, je dors chez eux. On se débrouille. Je sais que certains de mes collègues voulaient dormir sur la plage, mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée», glisse-t-il, dans une référence non assumée à Donald Trump et aux événements ayant lieu au même moment à Los Angeles principalement.

«Boca, c'est plus fort que tout»

«L'Argentine est en crise, on n'a pas forcément l'argent pour voyager comme ça, mais Boca c'est plus fort que tout. On se donne des coups de main. Je suis informaticien, j'ai les moyens de me payer ce voyage, mais je n'aurais pas pu aller dix jours à l'hôtel», enchaîne Diego, qui retournera au travail dès lundi et n'ira donc pas à Nashville où Boca affrontera Auckland pour son dernier match de poules (mardi à 21h, heure suisse). «On sera moins, je pense», prophétise-t-il. «Miami, c'est quand même plus simple pour nous d'un point de vue pratique.»

Miami Beach en jaune et bleu, avec l'éternel Diego en étendard.
Photo: AFP

On quitte la plage, direction le centre-ville, dans un bus rempli de supporters de Boca, par définition très bruyants. Fait remarquable: tous, sans exception, ont payé leur billet en montant dans le bus. Assise à côté de nous, Eva transpire énormément, malgré la climatisation atrocement forte dans le véhicule, et se réjouit encore plus du match du soir. «Ce Mondial, c'est un gros événement pour nous. On adore quand Boca se mesure aux meilleures équipes européennes. Et on n'a pas peur du Bayern!», lâche l'Argentine, qui ne moufte pas quand on lui dit qu'on vient de Suisse. On lui suggère le nom de Lucas Blondel, elle dit qu'elle ne voit pas le rapport. «Vous êtes sérieux? Il joue pour la Suisse? On l'adore ici, même s'il ne joue pas beaucoup.» Ou en tout cas moins, lui qui est resté sur le banc durant l'intégralité des deux premières rencontres de Boca à Miami (Benfica 2-2, Bayern 1-2).

Deux fois l'aller-retour depuis New York

Tant pis pour Eva, le bus arrive au centre-ville où une nouvelle marée jaune et bleu se fait apercevoir. Le match va démarrer dans quatre heures, le peuple de Buenos Aires est chaud. On croise Martin, largement 70 ans, qui habite lui désormais aux Etats-Unis. «Je suis établi à New York, mais je suis descendu voir Boca. Je suis né en Argentine, j'ai émigré avec ma femme dans les années 80. Mais je suis resté Argentin, à 100%. Je fais deux fois l'aller-retour depuis New York, c'est moins cher que prendre quatre nuits d'hôtel à Miami entre les deux matches», explique cet élégant papy, tatouage de Diego Maradona sur l'épaule.

Boca dans la peau.
Photo: Getty Images

A vingt minutes à pied du stade, situé au coeur d'un complexe sportif comprenant également le circuit de Formule 1 et des courts de tennis, plusieurs hôtels ont été construits côte à côte spécialement pour les amateurs de sport, mais aussi de casinos, le secteur en comptant une poignée. Pour se rendre au Hard Rock Stadium, il suffit de longer la route principale, de croiser quelques iguanes en balade, et de contourner le... Lake Lucerne, une petite gouille sans éclat de quelques mètres carrés avec un panneau portant fièrement son nom. Pour une fois que la Suisse peut en mettre plein la vue aux Etats-Unis, il faut ici souligner que le vrai «Lake Lucerne» remporte facilement la bataille, et que celui de Miami n'est qu'une (très) pale copie.

La piscine de l'hôtel était elle aussi jaune et bleu

Les fans de Boca, eux, sont ultra-majoritaires dans les hôtels de la zone et se prélassent comme ils le peuvent en attendant le coup d'envoi du match face au Bayern, prévu à 21h, heure locale. Il fait largement plus de 35 degrés en cette fin d'après-midi et la piscine est prise d'assaut, certains fans sautant même dedans depuis... le premier étage de l'hôtel! L'atmosphère est joyeuse, un brin foutraque, terriblement amusante, et les chants, entêtants, n'en finissent pas de retentir dans l'air de la Floride. De nouveau, si des touristes avaient planifié leurs vacances sans s'être rendus compte que Boca jouait dans le coin cette semaine-là, on leur souhaite d'avoir été solides mentalement.

Photo: Getty Images

Au Hard Rock Stadium, les supporters de Boca occupent les deux secteurs derrière chaque but, en intégralité, mais aussi une partie des tribunes latérales. Les supporters du Bayern sont une poignée à peine et le reste du stade est neutre, en tout cas sur le plan de l'habillement. L'affluence annoncée (plus de 50'000 personnes) vient corroborer l'impression visuelle: une personne sur deux dans le stade est un fan hardcore de Boca. Et ça fait du bruit.

Le regard perdu dans le vide de Jonathan Tah

Ainsi, l'égalisation de Miguel Merentiel, qui a humilié Jonathan Tah et Josip Stanisic, a fait trembler le Hard Rock Stadium sur ses bases et le regard du premier des deux défenseurs, capté sur écran géant, venait dire toute sa détresse. Les yeux tournés vers les tribunes, Jonathan Tah semblait se demander si ce qu'il venait de vivre était bien vrai, et ses yeux perdus dans le vide sont devenus un symbole, pour les fans de Boca, de cette soirée floridienne. Au final, on l'a dit, le Bayern était le plus fort, et Boca a été bien meilleur en tribunes que sur le terrain, mais le peuple jaune et bleu n'a jamais arrêté d'encourager son équipe. Le coup de sifflet final, survenu au milieu d'un chant, a ainsi paru anecdotique. En un sens, il l'était: Boca a perdu le match face au Bayern, mais la communion folle entre ce public et son équipe a rendu cette soirée inoubliable. Un peu comme tous les matches de Boca pour qui a la chance d'y assister.

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