Le procès de deux islamistes originaires des Balkans a débuté ce matin devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Actifs au sein d'un groupe genevois, ils sont accusés en particulier de soutien et de participation à une organisation terroriste active au Kosovo.
La défense a produit des pièces censées démontrer que des membres éminents de l'organisation kosovare avaient été acquittés dans leur pays. Le Ministère public de la Confédération (MPC) s'est opposé à ce dépôt, le jugeant tardif et relevant de la mauvaise foi. La Cour des affaires pénales a admis cependant ces documents.
Le tribunal a passé ensuite l'interrogatoire du premier accusé. Ce Kosovar de 37 ans a justifié ses «aveux» par un désir de «sincérité». Il a expliqué son parcours par la lecture dès 2014 de textes wahhabites qui l'ont amené à se rapprocher de l'islamisme.
Déçu par la religion au Kosovo
Trop volubile, il s'est dit déçu par la pratique religieuse de la population en général et celle des membres des «Frères de Viti», un groupe qui voulait prendre le pouvoir et imposer la charia dans une région du sud-est du Kosovo. Il se serait alors distancié de l'islam radical qui ne correspondait pas aux valeurs inculquées par son père.
L'homme s'est ensuite exprimé sur les accusations retenues par le MPC, en particulier sur ses activités au sein des «Frères de Genève» au bénéfice de leur pendant kosovar. La participation à la dissimulation au pays d'armes et de munitions ne visait pas à renverser le pouvoir – un projet irréaliste selon lui – mais à réagir en cas d'agression de la Serbie. «Si nous avions fait allégeance au califat, nous aurions été invités à recourir à la violence, a-t-il expliqué. Et nous aurions été immédiatement écrasés.»
Représailles
L'accusé a regretté les escroqueries aux assurances auto et au crédit Covid, commises, selon lui, pour faire face à ses difficultés financières. En cas d'expulsion, il craint de faire l'objet de représailles de la part des Frères de Viti.
Les deux prévenus sont accusés de participation et soutien à une organisation terroriste, corruption d'agents publics étrangers, blanchiment, entrave à l'action pénale, faux dans les titres, escroquerie par métier, notamment. Les deux hommes sont présumés innocents.