Prix, réputation, durée…
6 critères pour bien choisir votre MBA

Destinés aux cadres, les diplômes MBA ont la réputation de coûter cher mais de rapporter gros. Deux spécialistes décryptent comment s’y retrouver parmi l’offre pléthorique.
Publié: 13.11.2022 à 11:04 heures
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Dernière mise à jour: 13.11.2022 à 21:02 heures
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Les MBA sont des formations continues s'adressant aux professionnels qui occupent un poste de cadre depuis plusieurs années.
Photo: Shutterstock
Julien Crevoisier

Formation continue s’adressant avant tout aux personnes occupant déjà un poste de cadre depuis plusieurs années, les MBA s’appuient sur des enseignants réputés et sur des programmes très pointus, permettant de donner un nouvel élan à la carrière et de prétendre à des salaires plus élevés.

En Suisse, près d’une trentaine de hautes écoles et d’universités – de l’EPFL à la Haute école de gestion de Genève, en passant par l’Université de Zurich – proposent au moins un programme de MBA. Et deux d’entre elles figurent dans le classement mondial des 100 meilleurs MBA établi par le Financial Time: l’IMD de Lausanne et l’Université de St-Gall. «L’offre des MBA est effectivement assez large, mais elle reflète la diversité des universités et hautes écoles en Suisse, qui proposent un grand nombre de cursus très pointus dans de nombreux domaines», dit Stéphane Haddad, directeur académique de la Graduate School de l’EHL Hospitality Business School (ancienne École hôtelière de Lausanne). Face à une panoplie si large d’écoles et de formations, comment s’assurer de faire le bon choix?

Réputation et spécialisation

«L’aspect le plus important est d’abord l’ancrage et la crédibilité de l’institution dans son secteur d’activité, répond Stéphane Haddad. Une institution solidement établie et réputée dans un secteur défini offrira le contenu le plus adapté aux projets de carrière de l’étudiant, ainsi que les meilleurs enseignants. Ensuite, les activités non académiques offertes dans le cadre du MBA, comme les comités d’étudiants engagés sur des thématiques précises, l’organisation de conférences et de séminaires et les voyages d’études, jouent aussi un rôle clé.»

Autre facteur crucial, la spécialisation du cursus. En effet, chaque MBA se concentre sur des thématiques particulières pour se distinguer. «Il y a bien sûr des fondamentaux, qu’on retrouve dans presque tous les programmes, à savoir le marketing, les ressources humaines et la stratégie, explique Judith Schrempf-Stirling, vice-doyenne de l’Executive MBA de l’Université de Genève. Mais dans un deuxième temps, chacun y va de sa spécialisation. À l’Université de Genève, nous mettons l’accent sur la responsabilité sociale et les nouvelles pratiques managériales, là où HEC Lausanne offre des programmes orientés davantage vers des secteurs spécifiques, comme la finance et la santé.»

Durée et rythme d’enseignement

En outre, chaque MBA s’articulant différemment sur le calendrier, les candidats ne doivent pas hésiter à favoriser les programmes les plus en phase avec leur préférence en matière de durée et de rythme. «Certains ont lieu en fin de semaine, débordant sur le samedi, et s’étendent sur plusieurs semestres, d’autres se concentrent sur cinq ou six semaines entières, parfois divisées en tranches d’une ou deux semaines. Avec l’avènement du numérique, de plus en plus de programmes sont enseignés partiellement ou entièrement en ligne, là où d’autres se limitent au présentiel», résume Judith Schrempf-Stirling.

Réseautage

De l’avis de nos deux experts, au-delà du contenu lui-même, les MBA servent aussi de catalyseurs pour le réseautage, un aspect primordial sur lequel les candidats ne devraient rien laisser au hasard. «Il est important de considérer le profil des autres participants, des alumni et des intervenants, aussi bien en matière de domaines d’activité que d’implantations géographiques. Les candidats tournés vers les marchés germanophones opteront plutôt pour les programmes dispensés à Zurich, tandis que Genève sera peut-être le choix le plus judicieux pour ceux souhaitant étendre leur réseau à une échelle plus globale. Il faut se demander où l’on souhaite aller une fois le MBA terminé», relève Judith Schrempf-Stirling. Là encore, la proximité de la formation avec son secteur d’activité est fondamentale. «En choisissant le programme le plus en phase avec son domaine, on s’assure aussi une cohérence au niveau du réseautage, qu’il s’agisse des intervenants, des enseignants ou des autres étudiants», insiste Stéphane Haddad.

Prix

Côté prix, les MBA oscillent entre 13’000 à 115’000 francs, selon un article récent du quotidien Le Temps. Le prix peut se révéler rédhibitoire pour beaucoup. Mais des solutions existent. «Certains employeurs font le choix de faciliter l’accès au MBA en prenant en charge une partie des coûts ou en octroyant des jours d’absence rémunérés pour suivre les cours», explique Judith Schrempf-Stirling. Une autre méthode consiste à solliciter une bourse auprès des institutions concernées ou de fondations. L’Université de Genève n’offre aucun financement pour son Executive MBA. En revanche, l’EHL dispose d’un programme de bourses pour les étudiants prometteurs qui n’auraient pas les moyens de s’acquitter des sommes en question: «Si les conditions d’obtention sont remplies, ces bourses sont aussi accessibles aux candidats MBA, explique Stéphane Haddad. Par ailleurs, il existe aussi d’autres systèmes de financement qui passent par des fondations qui ne sont pas forcément liées aux écoles.»

Un MBA est-il vraiment rentable?

Selon le classement du magazine Forbes, les titulaires d’un MBA de l’IMD, à Lausanne, bénéficiaient en 2019 d’un retour sur investissement d’environ 169’000 dollars sur cinq ans, après déduction des dépenses induites par le suivi des cours et l’éventuelle réduction de l’activité professionnelle durant cette période. En 2020, une étude menée par le Bureau américain de la recherche économique (NBER) estimait que les MBA augmentaient les revenus cumulés sur l’ensemble du parcours professionnel de seulement 1%. Dès lors, difficile de savoir à l’avance si un MBA constitue un investissement judicieux…

Mais selon Judith Schrempf-Stirling, les hausses de salaire ne sont de loin pas le seul avantage que confère la formation: «Le MBA permet d’accomplir son développement personnel, de renforcer ses soft skills (ndlr: les compétences non directement liées à son domaine de spécialité, comme l’utilisation des technologies, la prise de parole en public, le travail en équipe, etc.) et offre un coaching professionnel qui permet de mieux orienter ses choix de carrière.»

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