Henrique Schneider était déjà élu directeur de l'Union des arts et métiers lorsque la «NZZ am Sonntag» a publié ce printemps un article retentissant: le directeur aurait enjolivé son CV avec de faux postes et aurait plagié à plusieurs reprises.
Après la publication de l'article, l'Union suisse des arts et métiers a fait examiner les reproches par un organisme externe. Le cabinet d'avocats mandaté est parvenu à la conclusion que Henrique Schneider a «plagié en série.» Il y a deux semaines, le comité directeur réuni autour du président et conseiller national du centre Fabio Regazzi a donc révoqué la nomination d'Henrique Schneider au poste de directeur.
Henrique Schneider doit reprendre ses fonctions
Tout le monde n'est pas d'accord avec cette décision. En effet, un véritable mouvement d'opposition se forme, composé en premier lieu de politiciens de l'UDC et du PLR. Ils demandent une séance extraordinaire de la Chambre des arts et métiers, le parlement de l'Union des arts et métiers, pour mercredi prochain. Leur demande, dont l'«Aargauer Zeitung» a fait état en premier lieu, a été présentée au SonntagsBlick.
Elle contient trois points. Premièrement, le directeur actuel, Hans-Ulrich Bigler, doit rester en fonction au moins six mois supplémentaires au lieu de démissionner fin juin. Deuxièmement, le comité directeur doit «travailler proprement» sur les expertises «en impliquant toutes les personnes concernées» et les «présenter de manière transparente» à la Chambre des arts et métiers. Troisièmement, Henrique Schneider doit reprendre ses fonctions de directeur après le départ de Hans-Ulrich Bigler.
Avec l'élection de Henrique Schneider en tant que directeur, un contrat de travail valable a été établi, argumente le conseiller en relations publiques Robert Gubler, l'expéditeur de la motion. «Avec la démarche du conseil d'administration, il y a un risque de plainte pour licenciement abusif.»
Contacté, Robert Gubler ne souhaite pas s'exprimer. En revanche, le conseiller national PLR Matthias Jauslin, qui a également signé la motion, ainsi que les conseillers nationaux UDC Benjamin Giezendanner et Thomas Hurter ont répondu à Blick.
Ne pas surestimer le plagiat
«Nous ne sommes pas d'accord avec la démarche du comité, explique Matthias Jauslin. Nous ne connaissons pas le contenu réel du rapport d'enquête sur Henrique Schneider – ni le rapport entier, ni le résumé.» Selon le comité, Henrique Schneider a fait du bon travail au sein de l'Union des arts et métiers. Le conseiller national UDC Benjamin Giezendanner s'exprime en ce sens: «En tant qu'union cantonale des arts et métiers, nous nous sentons ignorés par le comité directeur. Le plagiat ne doit pas être surestimé.»
La chancellerie externe est également arrivée à la conclusion que Schneider avait certes fait preuve d'un «comportement clairement fautif.» Mais celle-ci n'est «pas grave», car l'Union suisse des arts et métiers n'est pas une «entreprise de tendance scientifique.»
Vote de défiance contre le président Fabio Regazzi
L'issue du vote de mercredi reste ouverte. Ce qui est clair, c'est que la motion est un vote de défiance contre le président Fabio Regazzi. Le Tessinois, qui n'est pas un ami de l'actuel président Hans-Ulrich Bigler, a du mal à s'imposer au sein de l'association dominée par la droite bourgeoise. Rien ne le montre mieux que le classement des PME de l'association sur la «convivialité» des parlementaires. Fabio Regazzi y est arrivé à la 85e place – un message clair.
Certains observateurs politiques voient même dans la manœuvre visant à faire revenir Henrique Schneider une tentative de saboter la candidature de Fabio Regazzi au Conseil des Etats afin de désamorcer le risque pour le conseiller aux Etats UDC tessinois Marco Chiesa de perdre son siège.
Mais la vérité est probablement plus banale: il s'agit d'une simple lutte de pouvoir.