Pour des raisons politiques
Dix Suisses sont sur la liste des personnes recherchées par Poutine

Le média d'opposition Mediazona a rendu public la liste des personnes recherchées par le ministère russe de l'Intérieur. Parmi elles figurent dix Suisses. Pour certains, cette annonce a été une réelle surprise.
Publié: 29.02.2024 à 13:23 heures
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Le ministère russe de l'Intérieur recherche des ennemis politiques en Suisse.
Photo: IMAGO/SNA
Daniel Ballmer

Il a participé à la construction de la nouvelle ambassade suisse à Moscou. Il est suisse et a vécu 26 ans en Russie. Aujourd'hui, son nom apparaît sur la liste des personnes recherchées du ministère russe de l'Intérieur. L'intéressé, qui est aujourd'hui de retour au pays, s'est dit surpris auprès du «Tages-Anzeiger». Selon lui, il n'a jamais eu de problèmes en Russie.

Il n'est pas le seul à avoir ce problème. Au total, dix Suisses figurent sur la liste des personnes recherchées par la Russie, récemment mise en ligne par le média d'opposition Mediazona. Il est peu probable que les Russes puissent étendre les recherches à l'échelle internationale. Interpol aurait déjà refusé la demande dans des cas connus.

Sur la liste pour des raisons politiques

Mais si les personnes concernées ne savent pas que leur nom figure sur la liste des personnes recherchées par la Russie, la surprise pourrait être désagréable. «Elles seraient, dans tous les cas, d'abord emprisonnées à leur entrée en Russie», a déclaré le rédacteur de Mediazona Mika Golubovski.

La liste publiée date de début février. Elle comprend plus de 96'000 noms – avec date de naissance, nationalité et lieu de séjour présumé. Les motifs de la chasse à l'homme ne sont pas indiqués.

La plupart des personnes sont originaires de Russie ou d'anciens pays de l'Union soviétique. Selon Mediazona, les dossiers judiciaires accessibles au public permettent de comprendre que beaucoup d'entre elles sont recherchées pour des activités criminelles. Environ 800 personnes ont toutefois été placées sur la liste pour des raisons politiques. La première ministre estonienne Kaja Kallas, une critique particulièrement virulente de Poutine, en fait partie.

Recherché en Russie... et en Suisse

Un producteur d'engrais de Bâle-Campagne, qui a participé il y a des années à une lutte pour le rachat d'un producteur russe d'ammoniac, se trouve sur la liste. Il aurait été évincé et exproprié par des méthodes illégales et des poursuites pénales arbitraires en Russie.

Sans surprise, Avi Motola figure également sur la liste des personnes recherchées par la Russie. Ce Schaffhousois a travaillé comme tireur d'élite en Ukraine. On a néanmoins appris plus tard que le mercenaire avait fait de la prison en Suisse pour différents délits et qu'il était toujours recherché. De plus, en servant dans une armée étrangère, il s'est rendu punissable selon la loi militaire suisse.

La Suisse n'a jamais été informée

La liste comprend également un entrepreneur informatique d'Argovie, le propriétaire d'une agence de voyage dans le canton de Saint-Gall ou un gestionnaire d'actifs genevois possédant une société d'investissement à Chypre.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) du conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis n'a pas été informé par la Russie de la liste des personnes recherchées. Il n'a pas non plus «connaissance de procédures pénales ou d'actes pénalement répréhensibles en lien avec la construction de l'ambassade».

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