Cette entreprise, qui dément tout en bloc, est également accusée d'avoir acheté des faveurs et de s'être livrée à des intimidations, dans cette enquête baptisée «Mining Secrets» à laquelle ont participé 65 journalistes de 15 pays, dont certains travaillant pour les journaux espagnol El País, français Le Monde et guatémaltèque Prensa Comunitaria.
Les auteurs de l'enquête ont étudié des documents et courriels ayant fuité de la Compagnie guatémaltèque de Nickel (CGN) et de PRONICO, des filiales de Solway Investment Group opérant près de la ville d'El Estor.
Effectuée par l'organisation Forbidden Stories, l'enquête «révèle les stratégies que Solway a employées pour dissimuler, en collusion avec les autorités, tout élément qui pourrait inférer sa responsabilité dans des cas graves de pollution de l'environnement».
Tache rouge
Selon le rapport, il y a notamment eu l'apparition en 2017 d'une vaste tache rouge dans le lac Izabal, au bord duquel se trouve une usine de traitement du nickel, que l'entreprise et le gouvernement ont attribuée à des algues.
L'affaire a suscité une action de protestation des pêcheurs locaux qui ont accusé la compagnie minière d'avoir été à l'origine du phénomène. L'un des manifestants, Carlos Maaz, a été abattu après des heurts avec la police.
Cependant, des documents divulgués par des pirates informatiques guatémaltèques «réfutent les déclarations officielles et confirment les intuitions des pêcheurs», d'après les auteurs de l'enquête. «Une inspection du service de gestion de l'environnement a révélé la présence de sédiments dans le canal d'évacuation de l'usine. On a observé qu'après de fortes pluies, les sédiments atteignaient le lac Izabal», est-il écrit dans un document interne du PRONICO, selon le consortium de médias.
Allégations «infondées»
Celui-ci a également mis au jour des preuves d'espionnage de journalistes, de manipulation et d'intimidation de dirigeants autochtones au sujet de terres, de relations avec un juge et de «versements d'argent (par la société) à la police pour mettre fin à des actions de protestation».
La dernière manifestation en date contre la compagnie minière a eu lieu en octobre dernier, lorsque des dizaines d'autochtones ont occupé l'accès à El Estor pendant plusieurs jours pour empêcher le passage des camions de la mine. La police les a dispersés au gaz lacrymogène, puis le président Alejandro Giammattei a décrété l'état de siège et déployé des centaines de soldats.
Dans un communiqué envoyé à l'AFP, Solway Investment Group a réfuté les allégations «infondées» de Forbidden Stories, qui «manquent de base factuelle».
(ATS)