De graves problèmes oculaires, des vertiges, des allergies et des douleurs dorsales chroniques – voilà ce dont se plaignait l'homme. Il avait également besoin d'être accompagné pour faire ses courses et pour prendre les transports en commun. Il affirmait ne pouvoir être que passager en voiture. Les contacts sociaux n'étaient selon lui possibles qu'avec l'aide de tiers. Les médecins ont conclu à un trouble psychiatrique, comme le rapporte la «Südostschweiz».
Malgré toutes ces prétendues restrictions, l'homme aujourd'hui âgé de 63 ans vivait très aisément avec son épouse de l'époque. Une grande maison, deux voitures, un bateau et des vacances régulières, comme l'écrit le procureur dans l'acte d'accusation. Le couple aurait financé sa prospérité en fraudant pendant des années l'assurance-invalidité (AI). Ils auraient encaissé plus de 570'000 francs. À partir de mercredi, le désormais ex-couple devra répondre de ses actes devant le tribunal de district de See-Gaster (SG).
Durant plus de dix ans, l'homme s'est présenté comme un grave malade mental et physique alors que sa femme le soutenait. Selon la «Südostschweiz», le Ministère public part du principe que l'accusé a perçu illégalement des rentes AI entre 2003 et 2014. En raison des tromperies, la caisse de pension et le 3e pilier auraient également versé de l'argent.
Une observation révèle la supercherie
Bien que l'épouse ait travaillé, le niveau de vie de la famille n'était pas élevé. En 2012, elle a confirmé qu'une activité professionnelle était impensable pour son mari, ce qui a été contredit par une information anonyme reçue en août 2013 par l'Office des assurances sociales de Saint-Gall.
Sur mandat de l'autorité, il a alors été observé pendant trois périodes entre novembre 2013 et mars 2014. Il en est ressorti que le prévenu se déplaçait sans restriction, conduisait une voiture, faisait ses courses seul et n'utilisait jamais de cannes d'aveugles. Selon l'acte d'accusation, il faisait des randonnées, assistait à des fêtes et mettait même en place une boutique en ligne.
Lors d'un entretien de bilan de l'office de l'AI avec des médecins et le couple en mai 2014, l'accusé s'est présenté avec une canne d'aveugle, des lunettes teintées et une ceinture de soutien lombaire. Selon sa femme, elle devait l'aider à sortir du lit, lui arrivant même de faire dans son pantalon comme l'explique «Südostschweiz».
Une pleine capacité de travail
Mais la supercherie a été démasquée. Les paiements de l'organe de prévoyance ont alors été suspendus. En août 2015, un expert a constaté sa pleine capacité de travail. Le seul diagnostic était: présentation démonstrative de la plainte et comportement remarquable.
Le couple s'est opposé en justice à la suspension de la rente AI. En 2022, une nouvelle expertise a toutefois confirmé à nouveau la capacité complète de travail de l'accusé. Il lui est reproché d'avoir construit pendant de nombreuses années un tissu de mensonges difficilement vérifiable.
Le procès débute ce mercredi à Jona (SG). Le couple est accusé d'escroquerie par métier. Ils devront rembourser 285'000 francs chacun. Le procureur demande en outre trois ans et demi de prison pour l'homme et trois ans pour la femme.