Les fonctionnaires oublient, se trompent, retardent...
Une erreur de l'administration coûte 20'000 francs à cette famille d'accueil

L'odyssée administrative qu'a vécue un couple après avoir accueilli un enfant placé a duré un an. Après de nombreuses erreurs administratives, ils se retrouvent les mains vides. Ils auraient pourtant dû recevoir des milliers de francs.
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Andreas H.* et Isabella M.* ont été dépouillés de milliers de francs.
Photo: Linda Käsbohrer
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Sebastian Babic

Des mails oubliés, des mois d'inactivité – et des milliers de francs de dommages pour une famille: il semble qu'un désordre sans nom règne à la direction de l'éducation zurichoise. «Ce qui nous est arrivé est indécent», affirment Isabella M.* et Andreas H.* de l'Oberland zurichois. Ce n'est que lorsque Blick est intervenu que les choses ont commencé à bouger.

Retour en arrière: décembre 2022, le couple accueille la sœur, alors adolescente, d'Isabella M. dans son modeste appartement. En effet, la mère d'Isabella a des problèmes personnels et ne peut pas s'occuper de la jeune sœur d'Isabella, Manuela*. Isabella et Andreas prennent donc la jeune Manuela chez eux. Ils évitent ainsi que la situation ne dégénère.

Par hasard, le couple découvre plus tard qu'il a, en réalité, endossé le rôle d'une famille d'accueil. Il aurait donc droit à une indemnisation de l'État, sous la forme d'une garantie de prise en charge des coûts (GPCF). Pour les habitants de l'Oberland zurichois, ce soulagement est plus que bienvenu. «Nous ne sommes pas des gens riches. Manuela avait besoin de meubles lors de son emménagement, que nous avons payés de notre poche.» De plus, ils auraient également dû faire face aux dépenses habituelles de la vie quotidienne.

La prise en charge des frais est liée à des conditions. Le couple doit s'enregistrer en tant que famille d'accueil et se faire contrôler. «Lorsque nous avons été informés de la GPCF, nous avons immédiatement cherché à entrer en contact avec les autorités», explique Isabella M. Cette information, ils la reçoivent au printemps, cinq mois après l'emménagement de l'adolescente. C'est le début de l'odyssée des autorités, dans laquelle sont impliqués différents services de la direction de l'éducation zurichoise.

Une odyssée administrative commence

Les futurs parents d'accueil s'inscrivent donc en avril auprès du canton. Une visite à domicile doit, à ce moment, permettre de déterminer si Isabella et Andreas conviennent vraiment.

Mais après l'inscription, rien ne se passe plus pendant des mois. Il faut attendre deux mois pour que les autorités se manifestent à nouveau. Et avec de mauvaises nouvelles. «La lettre disait que la personne responsable du dossier n'avait pas envoyé un mail par erreur», explique Andreas. Entre-temps, la personne responsable était tombée malade, puis partie en vacances.

Et puis, c'est à nouveau silence radio pendant des semaines. Ce n'est que lorsque la curatrice de l'enfant placé cherche à savoir où en est le dossier que les responsables se manifestent à nouveau: il n'y aura pas de possibilité de réaliser la visite à domicile avant le mois d'août, apprennent Isabella et Andreas.

En octobre, la visite à domicile a enfin lieu. A ce moment-là, l'adolescente n'habite plus du tout chez les parents d'accueil, comme l'explique le couple: «La situation s'est améliorée entre-temps. Fin juillet, ma sœur a pu rentrer chez elle.» Le temps passé dans la famille d'accueil a toutefois porté ses fruits: «Elle a trouvé une place en apprentissage durant cette période», se réjouit Isabella, fière des progrès de sa sœur.

Pannes, malheurs et défaillances

La visite à domicile des autorités se déroule, elle aussi, avec succès. L'enquête révèle que le couple est apte à devenir parents d'accueil et que la GPCF peut être versée rétroactivement au début de la prise en charge.

Mais il s'écoule à nouveau presque deux mois avant que les parents nourriciers ne reçoivent le contrat de prestations pour la GPCF. Et là, nouvelle boulette: les dates sont mal inscrites. La prise en charge n'aurait donc commencé que deux semaines avant le départ de Manuela. Isabella et Andreas interviennent à nouveau auprès des autorités. On leur dit à nouveau que l'erreur sera corrigée.

Entre-temps, le mois de décembre est arrivé. Et les autorités montrent à nouveau leur hostilité à la famille. Après des mois d'inaction et d'erreurs successives, le délai pour une indemnisation est désormais dépassé. «Malheureusement, il n'est plus possible de faire une demande de GPCF pour cela, car les délais sont écoulés depuis longtemps», cite Andreas en lisant la lettre des autorités.

La direction de l'éducation s'explique

Selon les tarifs habituels, les parents d'accueil auraient eu droit à environ 20'000 francs pour toute la durée de la prise en charge depuis le 22 décembre. Rien qu'entre avril, date à laquelle ils se sont officiellement inscrits comme parents d'accueil, et en juillet 2023, date à laquelle Manuela a quitté la maison, cela aurait tout de même représenté environ 8000 francs.

Après plusieurs demandes de Blick, l'autorité responsable se montre compréhensive et admet avoir commis des erreurs: «L'Office de la jeunesse et de l'orientation professionnelle examine actuellement les décisions prises dans le but de clarifier la situation le plus rapidement possible pour la famille», dit-elle dans une prise de position. Face à la situation, Andreas H. se réfugie dans l'humour noir: «Le seul montant qui a effectivement circulé entre nous et les autorités était les 100 francs que nous avons dû payer pour obtenir l'autorisation d'être parents d'accueil.»

*Les noms ont été modifiés

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