Les Alémaniques qui comptent
Andreas Glarner, «agent provocateur» sous la Coupole

Personne n'aime autant la provoc' que le conseiller national argovien, qui tire sur tout ce qui bouge, surtout les étrangers et ses opposants politiques. À Berne, l'élu UDC est connu de tous.
Publié: 07.07.2021 à 15:59 heures
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Dernière mise à jour: 07.07.2021 à 16:29 heures
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Tout le monde en Suisse alémanique connaît Andreas Glarner.
Photo: Manuel Geisser
Sermîn Faki

Qu'est ce qu'un «agent provocateur»? Un mouchard dont le rôle est de créer des actions compromettantes ou de provoquer l'ennemi. Qui a cette mission sous la Coupole? Andreas Glarner. Certes, le conseiller national argovien n'incite personne à commettre des délits et n'est pas à proprement parler un mouchard. Mais provoquer l'adversaire est son péché mignon et il le fait comme nul autre à Berne.

Par exemple lorsqu'il a publié sur son compte Facebook le numéro de téléphone portable d'une enseignante qui a donné congé à ses élèves musulmans pour une fête religieuse, «au cas où les internautes voudraient lui dire ce qu'ils en pensent». Ou alors lorsqu'il s'en est pris publiquement à Lidl parce que tous les apprentis du «discounter» ont des noms à consonance étrangère. Ou encore lorsqu'il a estropié le nom de la conseillère nationale verte d'origine kurde Sibel Arslan, rebaptisée «Arschlan» («Arsch» voulant dire postérieur en allemand), «par erreur» selon lui.

Dans une impasse sur l'asile

Andreas Glarner est malin. Il sait que les mois d'été, plus pauvres en actualité, lui offrent une formidable fenêtre de tir pour monter des polémiques de toutes pièces sur lesquelles vont bondir les médias. Cet été, il a tenté de s'en prendre à Tamara Funiciello, la jeune (31 ans) conseillère nationale socialiste bernoise, parce qu'elle demande des dons pour ses campagnes électorales sur son site web en plus de l'argent qu'elle touche pour sa fonction.

Au Parlement, c'est aussi par des manoeuvres que l'Argovien essaie de faire parler de lui. Son bilan reste toutefois modeste, ce qui s'explique surtout par le fait que l'asile a été reléguée très loin dans les préoccupations des Suisses en raison de la proéminence d'autres sujets. Une mauvaise affaire pour le chef de file de l'UDC sur l'immigration.

Sur le plan professionnel, on pourrait qualifier Andreas Glarner de «serial entrepreneur». Imprévisible, le chef d'entreprise vend aussi bien des chaises roulantes pour seniors que des bouteilles de vin, un domaine dans lequel il est actif depuis le début de l'année. Mais son occupation favorite reste la provocation. «Klartext statt Wischiwaschi», plaide-t-il sur son site internet. En français, quelque chose comme «droit au but, plutôt que du bla-bla insipide».

La science du shitstorm

Le plus fou? La plupart de ses actions ressemblent a priori à des autogoals, tant Andreas Glarner se retrouve souvent dans l'oeil du cyclone ou pire, au centre de shitstorms, selon l'expression consacrée. Son attaque sur les apprentis de Lidl lui est revenue à la figure, avec une Suisse alémanique qui s'est liguée contre lui. Même son collègue de parti et ponte de l'UDC Roger Köppel avait lancé un appel aux dons en faveur des apprentis!

Pas de quoi freiner l'Alémanique. En bon agent provocateur, il prend en compte les shitstorms, souvent parfaitement calculés. Il le sait: c'est grâce à ces polémiques qu'il arrive à rassembler toute la frange très à droite de l'UDC. Lors des dernières élections fédérales, Andreas Glarner a fait le deuxième meilleur score dans son canton. Et c'est tout ce qui compte pour lui. Vraiment?

D'autres visages, mais...

Justement pas: rien n'énerve davantage l'Argovien que d'être mal vu. Malgré son image de rustre, l'UDC peut se montrer très charmant en privé. Mais il ne comprend pas qu'on puisse ne pas le comprendre ou avoir un avis différent du sien. Mais il ne vous le dira que dans les conversations privées.

Qu'Andreas Glarner peut avoir un autre visage, le bientôt sexagénaire l'a montré en 2018 lors d'une visite dans un camp de réfugiés en Grèce. Il a consolé des enfants et des bébés, et a même déclaré: «C'est brutal de voir dans quelles conditions, parfois inhumaines, ces gens doivent vivre.» Ce qui ne l'a pas empêché de réclamer une clôture de barbelés autour de la Suisse à son retour au pays.

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