Les nerfs sont à vif, et pas seulement chez les assurés maladie. Les politiques aussi se préparent nerveusement au choc des primes que le ministre de la Santé Alain Berset annoncera à la mi-septembre.
Partout, les idées fusent pour maîtriser les coûts de la santé – la campagne électorale en cours n'y est certainement pas étrangère. Le week-end dernier, la directrice de la santé zurichoise Natalie Rickli a demandé la suppression de l'assurance maladie obligatoire. Dans une interview pour Blick, Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS), met à présent une autre idée sur le tapis.
Monsieur Lampart, l'automne salarial approche. A quoi vous préparez-vous?
Daniel Lampart: Il est clair qu'avec le fort renchérissement, le choc des primes et des loyers, la situation financière des habitants du pays est devenue beaucoup plus serrée. En même temps, nous avons derrière nous trois années au cours desquelles les employeurs n'ont même pas donné la compensation du renchérissement pour les salaires. Ils font des bénéfices tout en laissant la situation financière de leurs employés se dégrader. Ce traitement des employés est honteux. Les gens travaillent, ils ont gagné cet argent – maintenant, il faut leur donner 5% de salaire en plus. Pour beaucoup de gens, même cela ne suffit pas à compenser le renchérissement.
Quelle est votre stratégie pour y parvenir?
Les négociations ont lieu dans les branches, mais nous avons maintenant de nombreuses réunions avec les artisans, les vendeurs et ceux qui travaillent dans les bureaux. Mercredi, par exemple, nous avons discuté avec le personnel des banques. Les banques font à nouveau plus de bénéfices avec les intérêts et ont gagné beaucoup d'argent. Les employés doivent en profiter. Certaines personnes pensent que ce sont tous des petits Ermotti. Mais ce n'est pas du tout le cas. Beaucoup sont des gens normaux qui vivent dans la ville de Zurich avec 80'000 francs par an et qui doivent payer un loyer et des primes d'assurance maladie.
Puisque vous l'évoquez, parlons de caisses-maladie: Est-ce que ce sera l'un de vos grands arguments? On s'attend tout de même à un nouveau choc des primes.
Les primes sont aujourd'hui un véritable fardeau. Aujourd'hui déjà, un couple avec enfants paie bien 1000 francs par mois. Je connais des gens qui vivent avec l'angoisse de devoir prendre la facture mensuelle de leur caisse maladie dans leur boîte aux lettres.
Vous soutenez donc l'initiative annoncée du PS pour une caisse maladie unique?
Nous avons besoin d'un allègement immédiat. Cela signifie que les cantons doivent augmenter les réductions de primes. Aujourd'hui, beaucoup d'entre eux n'épuisent même pas leur budget à cet effet. Et en outre, les employeurs doivent participer aux frais de santé.
Comment? Après que la conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli a demandé la suppression de l'assurance maladie obligatoire, vous voulez maintenant une participation des employeurs? Sans vouloir vous manquer de respect, est-ce que tout le monde peut venir avec des idées illusoires?
Premièrement, j'ai été choqué que la directrice de la santé du plus grand canton fasse un tel tour d'horizon et ne propose rien, mais vraiment aucune solution. Madame Rickli est comme un médecin qui m'envoie chez Exit au lieu de traiter ma maladie. C'est à cela que l'on aboutit.
Et deuxièmement?
Notre proposition est utile immédiatement et elle est fondée. Les employeurs génèrent des coûts de santé chez leurs employés: de l'usure qui provoque des maux de dos et des genoux cassés, des problèmes gastriques liés au stress et des troubles du sommeil. Ces coûts sont payés par l'assurance maladie, bien qu'ils proviennent du travail. C'est l'entreprise qui les provoque, mais elle ne les paie pas. C'est pourquoi nous demandons, lors des négociations salariales, que les employeurs participent à la prime d'assurance maladie.
Vous argumentez avec le principe du pollueur-payeur. N'est-ce pas dangereux? On peut alors aussi exiger que Nestlé participe parce qu'il y a trop de sucre dans les aliments. Ou les multinationales du tabac.
(rires.) Nos membres seraient certainement extrêmement heureux de tout allégement et si Nestlé participe, nous l'accepterons encore plus volontiers! D'ailleurs, Nestlé verse déjà aujourd'hui quelque chose pour les primes d'assurance maladie des travailleurs. Dans la branche horlogère aussi, chaque travailleur reçoit un supplément de 175 francs par mois. Plus d'entreprises devraient le faire. Nous devons résoudre le problème brutal du pouvoir d'achat, de la charge qui ne cesse d'augmenter pour les gens. Il y a de l'argent et il doit maintenant parvenir aux gens. Sous la forme de salaires plus élevés et d'une participation aux primes d'assurance maladie.