Le président du Botswana en Suisse
Mokgweetsi Masisi en Appenzell: «Je n'avais jamais vu ça»

Le président botswanais Mokgweetsi Masisi (60 ans) a effectué cette semaine une visite de plusieurs jours en Suisse. Ce qu'il a vécu dans notre pays, notamment la Landsgemeinde d'Appenzell, l'a complètement déconcerté. Récit.
Le président du Botswana a dû se pincer pour le croire.
Photo: keystone-sda.ch
Lea Hartmann

C'est une tradition, le dernier dimanche d'avril: les citoyens d'Appenzell Rhodes-Intérieures se réunissent sur la place éponyme pour prendre les décisions qui concernent le petit canton. Ce qui l'est moins, c'est la présence d'un chef d'État, qui plus est venu d'Afrique.

Et pourtant: Mokgweetsi Masisi, président du Botswana, était bien présent dimanche dernier. L'homme politique de 60 ans avait répondu favorablement à l'invitation du président de la Confédération, le Fribourgeois Alain Berset, qui lui proposait de venir assister à cet événement de démocratie directe.

Par une température presque hivernale, le Botswanais était bien emmitouflé dans une couverture et avec un bonnet sur la tête pour assister aux votes. Mokgweetsi Masasi n'a pas seulement été surpris par la météo: «J'ai été stupéfait par ce que j'ai vécu», a-t-il déclaré le lendemain à Berne, lors d'une conférence de presse au cadre plus conventionnel.

Les températures glaciales n'ont pas été faciles à supporter, pour le président d'un pays au climat de steppe.
Photo: Keystone

«Qui peut bien y croire?»

«Tous les citoyens d'Appenzell étaient sur cette place pour augmenter leurs propres impôts! Je n'avais jamais vu ça de ma vie!» L'homme a dû se pincer, ou se dire que les températures très fraîches lui jouaient des tours. «Mais non: ils ont vraiment augmenté les impôts! Pour eux-mêmes! Je veux dire... Qui peut bien y croire?» Avant d'ajouter: «Les Appenzellois sont des gens bien.»

En réalité, Appenzell Rhodes-Intérieures n'a pas décidé d'augmenter les impôts, mais a simplement adopté une révision de la loi sur les impôts. Celle-ci n'a, de l'aveu du canton, «qu'un effet marginal sur les recettes fiscales».

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Reste que l'étonnement très théâtral de Mokgweetsi Masasi est très touchant. La télévision alémanique SRF l'a bien compris et a mis l'extrait sur Instagram. Un carton: plus de 100'000 vues et des milliers d'appréciations positives.

En guerre judiciaire

Comment le président du Botswana réagirait-il s'il apprenait que la Suisse a déjà refusé une semaine de vacances supplémentaire en votation populaire? Ou que peindre sa maison dans le mauvais ton de blanc peut causer des soucis, dans notre pays?

Il faut dire que dans son pays d'un peu plus de 2,5 millions d'âmes, les choses sont moins harmonieuses. Mokgweetsi Masasi se livre depuis 2019 à une guerre judiciaire contre son prédécesseur Ian Khama, qui l'avait initialement désigné comme son successeur.

Entre-temps condamné entre autres pour blanchiment d'argent au Botswana et exilé en Afrique du Sud, l'homme politique de 70 ans veut battre Masisi lors des prochaines élections et le faire condamner à son tour.

Articles les plus lus