Le chien Joey donne tout avant sa retraite
«Mon chien avait peur de tout, la danse l'a aidé à surmonter ses craintes»

L'équipe de Suisse remporte l'argent aux Championnats d'Europe de danse canine, grâce notamment à Joey, un chien craintif adopté à la SPA qui a surmonté ses peurs en apprenant à danser.
Publié: 17.10.2023 à 20:34 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2023 à 12:20 heures
Joey et Sylvia en pleine performance.
Photo: Fototraechslin
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Certains vainquent leurs peurs en les affrontant, d'autres choisissent la thérapie ou encore la méditation. Joey, lui, a tout misé sur la danse. Ou plutôt, sa maîtresse Sylvia. En adoptant Joey à la SPA d'Angoulême il y a maintenant neuf ans, la Valaisanne d'adoption était loin de se douter que le carea leones serait son meilleur valseur. Pourtant, le 15 octobre, il a participé à propulser la team Suisse sur la deuxième marche des Championnats d'Europe de Dog Dance, à Cremona (IT), après deux jours de compétition.

Une médaille d'argent gagnée à force de longues heures de travail. «Je me repose quelques jours avec mon mari, après le championnat», souffle mardi à Blick Sylvia Sanchez-Habersaat. Celle qui est membre de l'équipe nationale, juge internationale et fondatrice d'une école de Dog Dance à Leytron (VS) a trouvé ce week-end «vraiment fatiguant. Chaque chorégraphie représente entre 40 et 50 ordres. Pour mon chien qui a 11 ans, et même pour moi, c'est beaucoup.»

L'équipe de Suisse vice-championne d'Europe de dog dance
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La danse de Joey:L'équipe de Suisse vice-championne d'Europe de dog dance

Première Suissesse qualifiée partout

Vendredi dernier, une trentaine d'équipes (ndlr: un chien et un humain) s'affrontaient en catégorie HTM, ou Heelwork to music, que l'on pourrait traduire par «obéissance en musique». Une dizaine de positions sont imposées aux équipes et les chiens doivent rester à deux mètres de leur maître. Le samedi, une quarantaine d'équipes ont dansé en freestyle, le style libre.

Dimanche, les dix finalistes de chaque catégorie se sont fait face. Sylvia Sanchez-Habersaat est la première Suissesse à s'être qualifié dans les deux disciplines. Elle nous raconte ses performances haut en couleurs.

Surprise et déshabillage

«Ma chorégraphie HTM a un effet de surprise, je suis en uniforme militaire et je me déshabille pendant la danse. Sous l'uniforme, je porte une robe multicolore, pour un message de paix et de tolérance.» La performance se déroule sous les accords de la St. Louis Blues March, de Glenn Miller.

En freestyle, «tout est permis sauf ce qui nuit à la santé du chien». Cette fois, c'est sur une chanson de Pink, Bridge of Light, qu'ont virevolté Sylvia et Joey. «Je danse avec des lumières solaires, c'est aussi un message d'espoir, comme un pont de lumière quand on n'est pas bien.» Le dimanche, il a fallu tout refaire, avec les autres finalistes. «Je n'avais qu'une heure entre chaque épreuve, avec tous ces ordres verbaux à donner au bon moment, c'était difficile.»

Karin Baumann et sa chienne Joya, ainsi qu'Isabelle Wälchli et Hoshi complétaient l'équipe suisse. À six, leurs scores cumulés ont placé la team juste derrière les Anglais, «inventeurs» de la danse canine au milieu des années 1980. Mais devant les Tchèques, «qui sont très forts dans tous les sports canins».

Les fédérations et leurs règles

L'étape suivante pour cette team suisse vainqueuse sera-t-elle les championnats du monde? «C'est un peu comme la boxe, explique la maîtresse de Joey alors que nous haussons les sourcils, surpris. Il y a deux championnats. Notre médaille d'argent ce week-end était aux championnats d’Europe de Dog Dance FCI (Fédération cynophile internationale). On pourrait dire que c'est la plus importante et la plus 'officielle' des ligues.»

Mais la FCI a ses règles. Pour participer aux championnats du monde FCI, il faut que la race du chien soit reconnue par la fédération. Ce qui n'est pas le cas des carea leones, la race de Joey. Sylvia en a fait les frais il y a quelques années, alors que son score l'avait qualifiée pour les mondiaux. Elle a dû laisser sa place à un vient-ensuite.

Deux Romandes au sommet

Joey ne s'inquiète pas trop de l'avenir. C'est une belle retraite qui attend le danseur d'exception, qui a popularisé le mouvement du «croisé de pattes en marche arrière». Lui et Sylvia sont même devenus très connus dans le milieu grâce à ça.

Il continuera à participer à des compétitions seniors, peut-être aussi au niveau national. Mais la nouvelle protégée de Sylvia, une Border Collie de deux ans, pourrait devenir la nouvelle star. Sylvia, elle, continue bien sûr d'enseigner la danse avec les chiens dans son école de Leytron. Sa mission: démocratiser la Dog Dance. «Avant, il n'y avait que des Suisses-allemands, or c'est le sport le plus varié pour les chiens. Aujourd'hui, les deux championnes suisses en HTM et en freestyle sont Romandes!» se réjouit la vice-championne d'Europe.

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