Interview du directeur de la ZKB, Urs Baumann, sur la suppression des frais
«Les petits épargnants doivent aussi profiter du changement de taux»

La Banque cantonale de Zurich prend les devants. Elle est la première des banques traditionnelles à supprimer ses frais. Dans une interview accordée à Blick, le directeur de la banque, Urs Baumann, révèle ce qui se cache derrière cette grande étape.
Publié: 20.12.2023 à 19:15 heures
1/5
Il a le sourire. Urs Baumann, chef de la Banque cantonale de Zurich, fait des cadeaux aux clients.
Photo: Philippe Rossier
RMS_Portrait_AUTOR_928.JPG
RMS_Portrait_AUTOR_499.JPG
Christian Kolbe et Philippe Rossier

Les traditionnelles lumières de Noël de la Bahnhofstrasse de Zurich scintillent devant les fenêtres de la salle de conférence. Des biscuits de Noël sont servis pendant l'entretien avec le directeur de la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

Nous déclinons gentiment l'offre de punch de Noël, non alcoolisé. Urs Baumann est visiblement fier d'avoir réussi à convaincre, dès sa première année de fonction, la troisième banque suisse en termes de bilan de rompre avec la tradition.

Urs Baumann, la Banque cantonale de Zurich supprimera ses frais au 1er janvier 2024. D'où vient cette générosité?
Nous avons un mandat de prestations auquel nous sommes tenus. Depuis le changement des taux d'intérêt, toutes les banques ont pris un nouveau départ. En tant que banque des Zurichoises et Zurichois, nous tenons à ce que les petits épargnants puissent également en profiter. Outre le taux d'intérêt, les frais annuels pour le compte privé et la carte de débit, que nous venons de supprimer, s'y prêtent bien.

Expliquez-nous cela.
Plus de la moitié des épargnants ont moins de 5000 francs sur leur compte. Nous souhaitons que chacun puisse profiter au maximum de ces prestations, sans conditions supplémentaires. Pour ce faire, les clients peuvent se rendre dans une agence ou effectuer leurs opérations bancaires par voie numérique. Le montant de la fortune ne joue aucun rôle.

Jusqu'à combien pouvons-nous économiser?
Nous sommes déjà parmi les moins chers. Vous ne trouverez nulle part ailleurs un compte privé à 12 francs dans une banque traditionnelle. Notre force, c'est qu'en plus de ces frais minimes, nous proposons désormais aussi la carte de débit Visa sans frais annuels. Nous faisons en sorte que les opérations bancaires quotidiennes soient gratuites chez nous.

«
«Ces dernières années, nous avons investi dans la numérisation de la banque. Cela nous permet de travailler plus efficacement.»
Urs Baumann, directeur de la ZKB
»

Quelles sont les prestations encore payantes?
Les cartes de crédit comportent toujours des frais, mais ces derniers sont également vus à la baisse. Quant aux opérations plus complexes telles que la planification financière, le conseil en prévoyance et en retraite ou encore toutes les questions liées à la fiscalité et à la succession, elles restent payantes. Cela concerne plutôt les clients privés fortunés qui recourent à ces services.

Combien vous coûte la suppression de ces frais?
Nous ne donnons pas de chiffre. Mais vous pouvez faire le calcul. Nous avons environ 700'000 clientes et clients privés. Parmi eux, la plupart ont au moins un compte et une carte de débit. Nous remercions notre clientèle à notre manière.

Un remerciement qui coûte tout de même plus de 36 millions de francs. Comment la ZKB récupère-t-elle cet argent?
Ces dernières années, nous avons investi dans la numérisation de la banque. Cela nous permet de travailler plus efficacement. La possibilité d'ouvrir un compte par voie numérique réduit considérablement les coûts. C'est pourquoi cette offre n'est pas seulement valable dans le canton de Zurich. À l'avenir, les clients de toute la Suisse pourront opter pour l'offre numérique de la ZKB.

«
«Nous considérons la Banque cantonale de Zurich comme l'offre bancaire la plus attractive du moment»
Urs Baumann, directeur de la ZKB
»

Qu'est-ce que ZKB espère en tirer?
Nous voulons ouvrir la voie à l'avenir du secteur bancaire. Celui-ci n'est ni purement numérique ni purement physique, mais hybride. Si le client a besoin de conseils approfondis, nous pouvons lui venir en aide à tout moment dans une succursale, par vidéo ou par téléphone. En ce qui concerne ses affaires courantes, il peut les régler confortablement installé chez lui, sur son canapé. En plus de développer le conseil numérique, nous investissons dans la modernisation de nos 51 filiales. Nous ne proposons pas l'un ou l'autre, mais bien une combinaison de ces deux mondes.

La ZKB prend les devants. Les autres banques devront-elles suivre?
L'avenir nous le dira. Nous considérons la Banque cantonale de Zurich comme l'offre bancaire la plus attractive du moment. Pour nous, il s'agit avant tout de consolider notre position de numéro 1 dans le canton de Zurich.

Le président de la Banque nationale Thomas Jordan a appelé les clients à changer de banque s'ils ne sont pas satisfaits des taux d'intérêt de l'épargne. Y a-t-il trop peu de concurrence sur la place financière?
La concurrence entre les banques est féroce. Rien que dans le secteur de la banque de détail, il y a plus de 100 prestataires différents. En tant que banque hypothécaire, nous pouvons rémunérer les comptes d'épargne lorsque nous gagnons de l'argent avec les taux hypothécaires. Si les taux d'intérêt augmentent rapidement, nous n'encaissons pas immédiatement plus d'argent, car le taux d'intérêt de nombreuses hypothèques est fixé à long terme. Nous devons donc calculer le taux d'intérêt moyen de notre portefeuille hypothécaire. Celui-ci est plus lent et donc plus bas que le taux directeur de la BNS.

«
«La fin du CS est tragique. Deux grandes banques seraient importantes pour la place financière et l'économie nationale»
Urs Baumann, directeur de la ZKB
»

La suppression des frais est-elle une déclaration de guerre contre les autres banques cantonales?
Non, ce n'est pas une déclaration de guerre contre les autres banques cantonales. Nous nous positionnons simplement dans toute la Suisse grâce à notre offre numérique forte. Nous sommes en concurrence avec toutes les autres offres numériques. Celles-ci ne s'arrêtent pas aux frontières cantonales.

Combien de nouveaux clients la ZKB espère-t-elle ainsi gagner?
Nous sommes convaincus de notre produit et espérons gagner de nouveaux clients dans toute la Suisse.

Changement de sujet. Le Crédit Suisse (CS) appartient désormais à l'histoire depuis mars 2023. Vous attendiez-vous à la disparition du CS?
Si vous m'aviez posé cette question avant l'automne 2022, j'aurais clairement répondu par la négative. La fin du CS est tragique. Deux grandes banques seraient importantes pour la place financière et l'économie nationale. D'un autre côté, il est clair qu'il fallait trouver une solution pour le CS, les marchés financiers étaient très nerveux. En mars, on sentait une certaine réticence à l'égard des banques suisses en général.

Combien de nouveaux clients avez-vous gagnés grâce à la chute du CS?
Nous avons gagné de nombreux clients privés. Toutefois, ils ne représentent pas une grande somme d'argent. À ce propos, nous avons ressenti une insécurité générale, mais à peine les effets du CS. Au premier semestre 2022, nous avions déjà enregistré un afflux record de 17,8 milliards de francs sans le CS. Cette année, avec le CS, nous avons enregistré un afflux de 19,3 milliards au premier semestre. La différence est d'environ 1,5 milliard.

Quand est-ce que les taux d'intérêt baisseront à nouveau?
Le cycle des taux d'intérêt est terminé. Au printemps, nous nous attendons aux premières baisses de taux aux États-Unis et en Europe. En Suisse, cela prendra un peu plus de temps, car le renchérissement va encore légèrement augmenter au début de l'année.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la