D'emblée, Me Isabelle Romy n'a pas fait mystère de son intention de plaider l'acquittement sur tous les points. Réinterprétant une formule de l'accusation, elle a estimé que «l'on assiste effectivement à une très mauvaise série B, mais fondée sur un très mauvais scénario, rédigé de toutes pièces par le Ministère public de la Confédération» (MPC). Elle a promis de démonter pièce par pièce les griefs de ce dernier.
Réfutant toute manoeuvre dilatoire ou obstruction de Credit Suisse, l'avocate a évoqué les très nombreuses mesures d'instruction et demandes d'information du MPC. Parlant à plusieurs reprises d'une «fishing expedition» (expédition de pêche), elle a estimé que le Parquet avait mené des recherches tous azimuts visant à confirmer l'hypothèse poursuivie d'emblée selon laquelle la banque avait blanchi l'argent du réseau bulgare d'Evelin Banev.
«Credit Suisse avait au contraire tout intérêt à démontrer son innocence dans cette affaire et à collaborer à la procédure afin d'y mettre fin», a souligné Isabelle Romy. En dépit de cette bonne volonté, le MPC a violé les principes procéduraux et rédigé un acte d'accusation en forme de réquisitoire écrit.
Origine illicite de l'argent pas établie?
L'avocate a aussi contesté la valeur probante des jugements étrangers condamnant Banev et des membres de son clan, qui sont invoqués par le Parquet. En Italie, par exemple, il n'a pas été prouvé que les fonds auraient été blanchis par Credit Suisse. En Bulgarie, la condamnation du boss n'a pas porté sur des actes de blanchiment. En Espagne, Evelin Banev n'a même pas été inquiété. Dans ces conditions, l'origine illicite de l'argent ne serait pas établie.
La défense s'est aussi efforcée de démontrer la réalité des affaires immobilières dans lesquelles Banev était impliqué, ainsi que les pratiques de financement en vigueur dans cette période de boom. Le MPC accuse Credit Suisse d'avoir accordé un crédit à cet effet qui, en réalité, aurait masqué des opérations de blanchiment. Enumérant toutes les vérifications qui avaient été effectuées par les services de la banque, elle a réfuté toute lacune de documentation.
L'avocate a estimé que c'est l'acte d'accusation, au contraire, qui est lacunaire concernant le soutien à une organisation criminelle. Les éléments de cette infraction n'auraient pas été établis par le Parquet pour l'ouverture des comptes et les transactions. Isabelle Romy a conclu que, dans ces conditions, les accusations de blanchiment et de soutien ne sont pas prouvées, tant à l'égard de Credit Suisse que de son ancienne conseillère clientèle.
(ATS)