«Ça ne m'atteint plus», déclare Majlinda Sulejmani à Blick. Depuis que la jeune femme de 33 ans originaire du Kosovo a annoncé sa candidature à l'élection du Conseil municipal de la commune de St. Margrethen, dans la vallée du Rhin, elle est prise à partie et sermonnée par des habitants plus âgés.
Même si au début, la plupart étaient bien intentionnés – comme peuvent l'être des personnes qui donnent leurs avis alors qu'on ne leur a rien demandé –, aujourd'hui, la situation a pris une nouvelle ampleur. Un post sur Instagram montre son affiche de campagne déchirée avec, négligemment posée à côté, une hache. En plus, Majlinda Sulejmani reçoit régulièrement des appels anonymes à son domicile. Un signal clair pour la jeune politicienne: certains ne veulent pas la laisser poursuivre son parcours politique. La mère célibataire ne compte cependant pas se laisser faire. «Je porterai plainte la semaine prochaine», déclare-t-elle. Majlinda Sulejmani indique qu'elle ne se laissera pas intimider par de telles menaces, même si elle admet que «ces appels ne cessent de lui trotter dans la tête».
«Le one woman show de Majlinda»
Dans la vallée du Rhin, elle n'est pas inconnue. La jeune femme dirige un service ambulatoire à Wil et à Flawil. Elle s'engage aussi en tant que trésorière du journal de son village et au sein du comité de l'équipe de football, dont elle est la vice-présidente. Sur le plan politique, elle fait partie du Centre et est présidente du parti local.
Malgré son profil engagé, sa candidature au Conseil municipal ne plaît pas à tout le monde. Une tracte anonyme récemment apparu à St. Margrethen rassemble les nombreux manquements dont serait coupable la jeune femme.
Sous le titre «Le one woman show Majlinda» est critiqué le fait qu'elle passerait trop de temps sur les réseaux sociaux où elle se mettrait en scène. En raison de son engagement dans le club de football, elle est aussi accusée de «filouterie». Le détracteur anonyme met même en cause son expertise médicale, car elle ne serait «qu'une infirmière». «Par définition, le seul fait de porter un stéthoscope lors de séances photos ne suffit probablement pas à remplir ce qualificatif», peut-on lire sur la tracte.
«Vous voulez vivre comme aux Balkans?»
Sur Facebook également, la candidate au conseil communal est désormais la cible d'une vague de haine. «Réveillez-vous, à St. Margrethen! Ou vous voulez vivre comme aux Balkans?», a écrit un utilisateur avant de supprimer son commentaire.
Ces dernières semaines, après l'affiche détruite, la menace à la hache, les appels anonymes et les tracts, une véritable tempête s'est même déchainée dans les courriers des lecteurs des médias locaux. Profils types des accusateurs: des hommes, généralement âgés, n'ont eu de cesse de taper sur leurs claviers d'ordinateur afin d'affirmer tout et son contraire et tenter de discréditer Majlinda Sulejmani.
La principale intéressée a décidé de prendre cet acharnement avec philosophie: «Je suis consciente que mon apparence, mon nom et mes engagements infatigables peuvent peut-être intimider certaines personnes». Elle pousse néanmoins ces inconnus à montrer leur visage: «J'apprécierais que l'on s'adresse directement à moi. Ainsi, j'aurais la chance de me défendre.»