«Je soutiens les mouvements comme Black Lives Matter. Mais là, ça n’a rien à voir», lance à Blick Malwyn Burkhalter aka Naswyn, la star romande de TikTok. Depuis une poignée de jours, la grève de la danse semble ébranler l’app aux États-Unis. Plus de danse ou autre challenge en musique, les créateurs noirs ont décidé de faire grève en lançant le hashtag #blacktiktokstrike.
Mais la Suisse, elle, reste (comme à son habitude) assez réservée. Les rares tiktokeurs helvètes qui se sont fait une place dans le milieu s’expriment très peu, voire pas du tout sur le sujet. Pour le Vaudois aux 4 millions de fans sur TikTok, chacun a le droit de faire des pas de danse qui seront ensuite postés sur l’app. Quant à la propriété intellectuelle, «elle n’a pas grand-chose à voir avec la culture, note le Suisso-Ivoirien. Il y a aussi des blancs qui proposent des danses et qui ne sont jamais crédités. En fait, le mérite reviendra toujours à la personne qui aura le plus de fans peu importe la couleur de peau ou l’origine du challenge».
Que se passe-t-il sur la planète TikTok?
À l’image des titres «Body» ou «Savage», le nouveau morceau de Megan Thee Stallion «Thot Shit» aurait dû faire le buzz sur la plateforme. Si la sortie de hits génère instantanément une myriade de challenges et autres danses, cette fois c’est le néant. Rien. Aucune chorégraphie virale n’a émergé depuis la sortie du titre le 11 juin.
Alors qu’ils sont nombreux à proposer des pas de danse qui se répandent comme une traînée de poudre, la communauté noire de TikTok a décidé de faire grève via le hashtag #blacktiktokstrike. À travers ce mouvement, les concernés dénoncent le fait de ne jamais être propulsés sur le devant de la scène alors même qu’ils sont à l’origine de certaines chorégraphies. Un manque de reconnaissance d’autant plus frustrant lorsque ce sont des personnes blanches qui en récoltent les lauriers.
Toutefois, le #blacktiktokstrike n’appelle pas les utilisateurs à quitter l’app ou à arrêter de poster du contenu. À la place, les personnes qui auraient normalement imaginé une danse ont expliqué qu’ils n’en feraient pas. Le but: souligner l’importance de leur créativité sur la plateforme.
Un ras-le-bol qui date
Au début de l’année, Jimmy Fallon avait déclenché un tollé suite au passage de l’influenceuse Addison Rae dans l’émission «The Tonight Show». La jeune femme avait réalisé une série de routines tirées de TikTok sans citer les danseurs à l’origines de ces dernières. La plupart d’entre eux étaient des personnes afro-américaines. Quelques jours plus tard, la production avait invité les créateurs pour leur donner la parole.
Les hashtags pro Floyd censurés sur l’app
En janvier 2020, la plateforme avait déjà fait un bad buzz après avoir été accusée de censurer des hashtags en lien avec la mort de George Floyd et le mouvement antiraciste Black Lives Matter. De son côté, TikTok avait publié des excuses et annonçait la création d’un conseil de la diversité des créateurs accompagnés de «programmes axés sur l’impact visant à reconnaître et à élever les voix qui stimulent la culture, la créativité et les conversations importantes sur la plateforme».
Actuellement le hashtag #blacktiktokstrike continue d’être partagé aux USA et comptabilise plus de 2 millions de vues. Sans oublier les #tiktokstrike2021 ou #blacktiktokstrike2021 qui commencent eux aussi à émerger. Alors, la plateforme prendra-t-elle des mesures pour mieux protéger la propriété intellectuelle de ses créateurs? Cela reste encore à voir…