Reconstruction de l'Ukraine
La Suisse passe le témoin à Londres

La Suisse avait lancé les efforts internationaux pour la reconstruction de l'Ukraine en juillet dernier lors de la conférence de Lugano. Mercredi à Davos, elle a passé le témoin à Londres. Kiev estime que le coût pourrait atteindre près de 1500 milliards de dollars.
Photo: keystone-sda.ch

«Cela ne signifie pas que nous nous désengageons de cette responsabilité», a affirmé à la presse le conseiller fédéral Ignazio Cassis, au terme d'une cérémonie avec le secrétaire d'Etat britannique Grant Shapps, et, par vidéo, le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal. La conférence de Lugano avait établi sept principes pour la reconstruction de l'Ukraine.

Le pays, au centre de l'attention mondiale depuis l'attaque par son voisin russe, avait dévoilé son plan de reconstruction et s'était notamment engagé à lutter contre la corruption. «L'Ukraine oeuvre déjà à honorer ses promesses, même en pleine guerre», a affirmé M. Chmyhal.

Il souhaite que la conférence de Londres, prévue en juin, permette de répondre aux besoins urgents de reconstruction pour cette année et de contribuer à réduire les obstacles pour les investissements, saluant une initiative lancée récemment par le G7. Dans les prochains mois, il faudra rétablir les infrastructures énergétiques et rebâtir les maisons.

Le Premier ministre souhaite également que la réunion de Londres permette une mobilisation pour confisquer les fonds russes gelés, une revendication déjà lancée à plusieurs reprises. Certains pays ont entamé des discussions dans leurs parlements. Mais «l'effort est international» pour réfléchir à cette question, affirme aussi le chef de la diplomatie suisse, ne mentionnant pas de changement de position suisse pour le moment. Au total, près de 8 milliards ont été gelés en Suisse.

Effort suisse salué

Ignazio Cassis a rappelé que la Suisse avait voulu donner des raisons aux Ukrainiens de penser déjà à l'après-Guerre, mais aussi à établir une approche entre la communauté internationale et l'Ukraine. «C'était la bonne chose à faire», ajoute le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), conforté par un débat mercredi matin avec la participation de plusieurs patrons ukrainiens au Forum économique mondial (WEF). «La reconstruction accélère des réformes», comme la lutte contre la corruption, selon M. Cassis. Elle apporte aussi des revenus au pays affecté et est bonne pour les entreprises.

De son côté, M. Shapps a commencé par exprimer ses condoléances au peuple ukrainien après le crash qui a tué plus de dix personnes, dont le ministre ukrainien de l'Intérieur. Les Britanniques ont entamé depuis des mois le dialogue avec Kiev. «Nous ferons notre mieux» après «votre remarquable effort», a ajouté le secrétaire d'Etat à Ignazio Cassis.

Depuis juin dernier, les grandes puissances ont elles amorcé la discussion sur le financement lors de plusieurs réunions. Le coût estimé est déjà de 600 à 700 milliards de dollars selon les experts, a dit M. Chmyhal. Mais une nouvelle évaluation est attendue prochainement. Le Premier ministre s'attend à un «doublement» de ces coûts.

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