La Cour suprême brésilienne a levé la sanction
Le réseau social X est de nouveau autorisé au Brésil

Les Brésiliens vont à nouveau pouvoir utiliser le réseau social X. La suspension infligée par un juge de la Cour suprême fin août au nom de la lutte contre la désinformation a été levée mardi.
Publié: 09.10.2024 à 12:22 heures
Elon Musk, le patron de X, a obtenu la levée de la suspension du réseau social au Brésil.
Photo: Alex Brandon
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ATS Agence télégraphique suisse

«J'ordonne la levée de la suspension et j'autorise la reprise immédiate des activités de X sur le territoire national», peut-on lire dans l'arrêt signé par le juge Alexandre de Moraes. Il a autorisé la réactivation de la plateforme d'Elon Musk dans le plus grand pays d'Amérique latine, considérant que toutes les exigences judiciaires avaient été remplies.

Parmi celles-ci, le paiement d'amendes d'un montant total de 28,6 millions de réais (environ 4,6 millions de francs) et la suppression de comptes soupçonnés de disséminer de fausses informations. L'ancien Twitter a également dû nommer un nouveau représentant légal au Brésil.

Le réseau social est fier de revenir au Brésil

«X est fier de revenir au Brésil (...) Nous continuerons à défendre la liberté d'expression, dans les limites de la loi, partout où nous opérons», a déclaré la plateforme sur son compte X dédié aux affaires gouvernementales mondiales.

Alexandre de Moraes a donné 24 heures à l'agence régulatrice des télécommunications, Anatel, pour rétablir l'accès à la plateforme utilisée par 22 millions de Brésiliens. «Une fois que nous aurons reçu les instructions» d'Anatel, X «pourra être de nouveau opérationnel dans certains endroits en quelques heures», a indiqué à l'AFP Basilio Rodriguez Perez, de l'Association brésilienne des fournisseurs d'accès internet (Abrint).

Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux brésiliens de X le 17 août, tout en maintenant la plateforme en service.

Plateforme suspendue pour désinformation

Le juge Alexandre de Moraes avait suspendu le réseau le 30 août, estimant que X avait ignoré des ordres de bloquer des comptes soupçonnés de désinformation, liés pour la plupart à l'extrême droite brésilienne, et appartenant à des blogueurs, des entrepreneurs, des journalistes ou des anciens parlementaires.

Depuis le rachat de Twitter par M. Musk - qui l'a renommé X -, la plateforme est mise en cause bien au-delà du Brésil pour son laxisme face à la désinformation. Ses détracteurs l'accusent aussi d'être devenue un porte-voix pour la droite radicale.

«Nous avons montré au monde que les lois doivent être respectées ici, qui que vous soyez. Le Brésil est souverain», a déclaré le ministre des Communications, Juscelino Filho, dans un communiqué publié quelques heures après l'ordre de déblocage.

X a contourné l'interdiction

Les usagers brésiliens ont toutefois eu à nouveau accès à la plateforme le 18 septembre, en raison d'une manœuvre technique qui a permis de contourner le blocage. 

X a expliqué que ce rétablissement de son service était un effet «involontaire» d'un changement de serveur. Mais le juge Moraes a réfuté cet argument et a infligé de nouvelles amendes, estimant que X «s'est montré récalcitrant, de façon illicite, persistante et avec l'intention de ne pas respecter les ordres judiciaires».

Le lendemain, la plateforme était redevenue inaccessible au Brésil.

Un bras de fer entre la justice et Musk

Depuis, X s'est montré disposé à remplir les exigences de la Cour suprême, enterrant la hache de guerre après plusieurs mois de bras de fer entre Elon Musk et le juge Moraes.

Le milliardaire avait accusé à maintes reprises le magistrat de «censure», le qualifiant le «dictateur» et le comparant à Voldemort, le méchant de la saga Harry Potter. Le juge Moraes s'est longtemps montré inflexible, estimant que X constituait une menace contre la démocratie et favorisait la désinformation.

Pendant le mandat du président Jair Bolsonaro (2019-2022), le juge Moraes s'était érigé en rempart de la démocratie face aux attaques répétées du leader d'extrême droite et de ses partisans contre les institutions. Il est d'ailleurs en charge des enquêtes les plus sensibles visant l'ancien chef d'Etat, qui n'a de son côté cessé de soutenir d'Elon Musk, criant à la «censure».

Fin septembre, lors de son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé que l'Etat ne devait «pas se laisser intimider par des individus, des entreprises ou des plateformes numériques qui se croient au-dessus des lois».

Le Brésil est un pays ultra-connecté, avec plus d'un smartphone par habitant.

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