Gabriel Attal, 34 ans, va succéder à Pap Ndiaye à la tête du ministère de l'Education nationale, ont indiqué jeudi plusieurs sources de la majorité présidentielle. Jusqu'alors ministre délégué aux Comptes publics, il deviendra le plus jeune titulaire de ce poste sous la Ve République.
Érigée comme un chantier prioritaire en début de quinquennat par Emmanuel Macron, l'Ecole jouit du premier budget de l'Etat (64,2 milliards), en hausse de 3,9% en 2024 selon les premiers documents budgétaires, mais l'Education nationale semble être prisonnière de crises qui se succèdent.
Rue de Grenelle, le nouveau ministre devra trouver des solutions pérennes à la crise de recrutement d'enseignants, défi majeur pour le système scolaire. Pap Ndiaye a ouvert la voie en engageant le retour des concours dans le premier degré à bac+3 contre bac+5.
Le harcèlement scolaire est une priorité
La hausse de la rémunération fait également partie des solutions pour renforcer l'attractivité. Mais tant l'effort budgétaire inconditionnel que le «pacte», qui prévoit une hausse de rémunération soumise à de nouvelles missions, ont rencontré l'hostilité des syndicats et laissé perplexe le monde enseignant touché par un sentiment durable de déclassement.
Le harcèlement scolaire, «priorité de la rentrée 2023» selon la Première ministre, mais aussi les controverses récurrentes sur la laïcité, à l'instar du port des abayas, s'inviteront également à l'agenda du ministre. En outre, le nouveau ministre devra corriger certains effets jugés néfastes du bac Blanquer qui provoquent trop d'absentéisme dans les lycées au 3e trimestre.
«Gabriel Attal connait bien le ministère de l'Education puisqu'il a été secrétaire d'Etat à la jeunesse (2018-2020) du temps de Jean-Michel Blanquer, mais connait-il la profession?», interroge Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa sollicitée par l'AFP.
«Nous n'avons pas un regard très optimiste»
«Il va se mettre dans les pas d'Emmanuel Macron. Pap Ndiaye n'a jamais réussi à exister dans ce ministère, Macron a fait toutes les annonces. Emmanuel Macron a voulu en faire un symbole mais il ne lui a jamais donné les clés pour conduire le véhicule, a commenté la syndicaliste. Nous n'avons pas un regard très optimiste sur cette nomination, car Emmanuel Macron a plus à cœur des mesures d'affichages pour l'école, destinées au grand public, plutôt que la formation des jeunes.»
Gabriel Attal s'était occupé du lancement du SNU (ndlr: Service national universel) lorsqu'il était secrétaire d'Etat à la jeunesse. C'est un mauvais signal pour nous», a poursuivi Elisabeth Allain-Moreno.
Marlène Schiappa quitte le gouvernement
La secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire et de la Vie associative, Marlène Schiappa, épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne, va quitter le gouvernement, a annoncé jeudi une source proche du dossier.
Les informations récurrentes sur son départ sont «exactes», a-t-on confirmé de même source. Marlène Schiappa, 40 ans, a aussi fait couler beaucoup d'encre en s'affichant en avril en couverture du magazine «Playboy», une initiative alors qualifiée de «pas du tout appropriée» par la Première ministre Elisabeth Borne.
Cette figure de la Macronie, électron libre au parler «cash» et abonnée aux plateaux télé, a été membre quasi permanente des équipes gouvernementales depuis mai 2017.
Avant d'être en charge de l'économie sociale et solidaire, elle s'était surtout imposée auprès de l'opinion publique comme secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes/hommes et de la lutte contre les discriminations (2017-2020), une fonction qui lui a permis de s'investir notamment dans la lutte contre les violences conjugales et les féminicides.
Fonds Marianne
Mais elle a fini par être emportée par le scandale du fonds Marianne. Ce dispositif, qu'elle a lancé en 2021 après l'assassinat de Samuel Paty pour financer des contre-discours à l'islam radical, a donné lieu à des soupçons de mauvaise gestion et de gaspillage d'argent public.
Etrillée début juillet par une commission d'enquête sénatoriale consacrée à ce dossier controversé, l'intéressée estimait toutefois être sortie par le haut de cette affaire: «Ma probité est intacte», affirmait-elle encore dimanche au quotidien «Corse-Matin».
(ATS)