Une tombée de neige et le pays dérape. Après les premiers flocons tombés sur Paris et sa région lundi 8 janvier, la France a retrouvé le spectacle redouté du chaos hivernal: autoroutes bloqués pour la Normandie, fossés remplis de véhicules arrêtés en urgence, police débordée, trains à l’arrêt, opérations de déneigement insuffisantes… Six départements sont en vigilance orange. Alors, les Français auraient-ils oublié ce qu’est la neige?
La réalité est que de nombreux départements touchés par les premiers flocons n’ont plus les moyens d’intervenir rapidement pour rouvrir les accès routiers et ferroviaires. Dix centimètres de neige sont annoncés pour ce mardi 9 janvier en Normandie, à l’ouest et au nord de Paris. Mais pour cette région de bocage, plutôt habituée à faire face à la pluie, la neige n’est pas une priorité. Les engins de dégagement des axes routiers manquent.
Les alertes décrétées par le gouvernement et par les préfectures entraînent la fermeture immédiate des écoles. Un millier de véhicules, dont de nombreux poids lourds, ont été bloqués durant toute la nuit sur l’autoroute A13 qui relie Paris à Caen. L’autoroute A12, en direction de la Bretagne, a aussi été fermée. Le port du Havre, premier terminal maritime français, dont le maire est l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, se retrouve isolé de l’arrière-pays avec la fermeture temporaire du Pont de Normandie qui traverse la Seine.
Embuscade neigeuse
Et la neige, alors? «Elle nous a pris par surprise» est le refrain que l’on entend sans cesse ce mardi, alors que les autoroutes ont été fermées, puis rouvertes, puis fermées. Manque d’informations. Absence de plans d’urgence. Commissariats de police débordés. «Franchement, pour le très peu de neige qui est tombée, on ne comprend pas. La France est devenue comme mon pays, le Mali, où nous n’avons jamais de neige», rigole sur France Info un employé de restaurant d’origine malienne.
Le ministre des Transports Clément Beaune, dont le sort ministériel est en suspens avec le prochain remaniement gouvernemental, était à l’aube au centre de coordination routière de la région parisienne. L’interdiction de circulation des transports scolaires et des poids lourds a été décidée dans des départements tels que l’Orne ou l’Eure. Plus de 100 kilomètres de bouchons étranglaient Paris au cœur de la nuit.
Et maintenant?
Et maintenant? La région Normandie a sorti de ses garages les véhicules anti-neige pour saler les routes. Mais il y en a trop peu. Une cinquantaine seulement pour cette région de 3,3 millions d’habitants. Le plan «Grand froid» a été activé pour obliger les centres d’hébergement à accueillir les personnes les plus précaires.