Après le sacre européen du PSG
Cinq vérités interdites sur la France du foot et des émeutiers

Le sacre footballistique du Paris Saint-Germain a donné lieu, ce week-end, à des scènes de violence qui ont secoué le monde entier. Vu depuis la Suisse, la France peut sembler de plus en plus ensauvagée. Mais est-ce réellement le cas?
Publié: 03.06.2025 à 18:03 heures
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La tour Eiffel prise dans un nuage de gaz lacrymogène: trop souvent, cette image de Paris est au rendez-vous.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Richard WerlyJournaliste Blick

Non, Paris n’est pas une capitale violente! Nous sommes nombreux, parmi les correspondants de médias étrangers, à répéter cette phrase malgré ces images qui font le tour du monde. Coup de chance: les célébrations populaires durant les Jeux Olympiques d’été 2024 nous avaient donné raison. 

Or, voilà que le week-end de liesse footballistique, après la victoire du Paris Saint-Germain face à l’Inter Milan par 5 buts à zéro, a relancé la polémique, au vu des scènes de pillages et de dégradations urbaines.

Vérité N° 1: Le foot, ce n’est pas les JO

Les amateurs de ballon rond seront sûrement vexés de lire ces mots, mais il n’est guère possible de comparer la joie qui se dégageait des épreuves olympiques et la furie populaire consécutive à la victoire du PSG ce samedi soir. Il faut aussi dire un mot, ici, de la réputation du Paris Saint-Germain dont les fans ont souvent été réputés pour leurs actes violents. 

Le foot, version PSG, c’est aussi l’éloge de parcours de prodiges issus des banlieues. Logique que celles-ci s’enflamment pour leurs champions. Rien à voir avec la joie tranquille de l’olympisme.

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Vérité N° 2: Les Champs-Elysées, un abcès

A quand, l’interdiction de manifester sur les Champs-Elysées? Ou alors, sous haute surveillance? Ce samedi, les abords de la place de l’Etoile, autour de l’Arc de Triomphe, étaient interdits au public. Alors pourquoi avoir toléré l’afflux de dizaines de milliers de fans sur cette avenue où les magasins de luxe prolifèrent? Si l’on oublie les photos des pillages sur les Champs-Elysées, le bilan du week-end est beaucoup moins violent.

Vérité N° 3: Quadrillage policier obligatoire

Le succès des JO tient largement à l’équation policière: près de 50'000 policiers déployés pour sécuriser l’ensemble des sites olympiques. Ce week-end? 5000 policiers étaient dans les rues de Paris alors que l’on savait que la ville serait à coup sûr prise d’assaut par les fans en cas de victoire. La stratégie du désengagement a aussi conduit à laisser la violence s’installer. Moralité: le calme prévaut quand le déploiement policier est massif et préventif. Quand la violence s’installe, il est trop tard.

Vérité N° 4: Le sentiment d’inégalité des «racailles»

Vous connaissez le mot «racailles», ce terme utilisé par de nombreux citoyens français pour désigner les jeunes issus de l’immigration vivant pour la plupart en banlieue. Ceux-ci expriment leur ras-le-bol de voir cette population s’en prendre au mobilier public, et piller sans retenue. 

Car oui, cette colère est une réalité en France, et notamment à Paris, l’une des capitales les plus densément peuplées d’Europe. La démographie joue aussi pour beaucoup. En effet, Paris perd petit à petit ses classes populaires pour devenir la métropole d’une bourgeoisie vieillissante. Un choc culturel qui attise le sentiment d’inégalité et, pour certains, la volonté de tout casser.

Vérité N° 5: Pas de justice, pas de discipline

Les premières comparutions immédiates devant la justice, après le week-end de violences, laissent perplexe. Les peines prononcées, même s’il s’agit d’une condamnation à quelques mois de prison, vont-elles dissuader les fauteurs de troubles?

La question reste la même: quelle sanction peut être dissuasive, dans un pays où, par ailleurs, le narcotrafic explose avec son afflux de violence et d’argent facile? La question des incivilités, en France, est aussi douloureuse. Il faut casser pour exister. Les «gilets jaunes» l’ont bien démontré en 2018-2019.

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