Ensemble sur le front
Kiev rend hommage à deux militaires amoureux et morts ensemble

Des centaines de personnes se sont réunies à Kiev pour rendre hommage aux militaires Valentyna Nagorna et Daniil Liachkevytch, morts ensemble sur le front. Leur histoire d'amour et de sacrifice inspire et rappelle la dure réalité de la guerre.
Publié: 08.11.2024 à 22:07 heures
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Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Unis dans la mort: des centaines de personnes se sont réunies vendredi dans le froid à Kiev pour rendre hommage aux militaires ukrainiens Valentyna Nagorna et Daniil Liachkevytch, tombés amoureux et morts ensemble sur le front. Le couple a perdu la vie la semaine dernière en luttant contre les forces russes, mais les détails sur les circonstances de la mort de cet homme et de cette femme n'ont pas été révélés.

«Cela réchauffe nos âmes de savoir que son coeur était rempli d'amour comme celui de Valentyna. Quand le moment est venu, ils ont rencontré la mort ensemble», dit Anastassia Vasylchenko, 31 ans. «Mais on ne doit pas romantiser la guerre, car la guerre, c'est la mort», poursuit-elle.

«Nous ne survivons pas tous jusqu'à la victoire»

Mme Vasylchenko a assisté aux deux cérémonies funéraires dans un crématorium sur une colline de la capitale ukrainienne. Elle est l'ex-femme de Daniil Liachkevytch, mais ils étaient restés amis. Valentyna Nagorna, tuée à 28 ans, servait dans une unité médicale: elle portait secours aux soldats blessés et les évacuait du champ de bataille.

Sa mère, au cours de la cérémonie, a éclaté en sanglots. Elle a ensuite posé sa tête sur le cercueil fermé de sa fille.Dans les premiers jours de l'invasion russe, en février 2022, Valentyna Nagorna avait appris à Lyoudmyla Levtchenko, 60 ans, les rudiments de la médecine de guerre. «Je n'oublierai jamais ce qu'elle m'a dit dans les premiers jours: «Tu réalises que nous ne survivrons pas tous jusqu'à la victoire? Elle nous préparait», raconte Mme Levtchenko, en retenant ses larmes. «On a des jeunes extraordinaires, je les ai admirés, j'ai appris d'eux et ils ont appris de moi (…). Mais les meilleurs meurent», ajoute-t-elle.

Un sentiment du devoir commun

Valentyna Nagorna servait, comme son conjoint, dans la 3e brigade d'assaut Azov, une grande unité d'infanterie mécanisée. Olena Tolkatchova, la responsable de l'Azov Patronage Service, qui aide les soldats de cette brigade, la décrit comme une personne qui «voulait aider autant qu'elle pouvait».

Mme Tolkatchova ne cache pas sa colère à l'encontre des Ukrainiens qui ne vont pas combattre, à un moment où l'armée, après plus de deux ans et demi d'un conflit très meurtrier, peine à regarnir ses rangs pour résister aux forces russes, plus nombreuses. Selon elle, ceux-là ont un «comportement indigne».

Le sentiment d'avoir un devoir à accomplir unissait Valentyna Nagorna et Daniil Liachkevytch, estime le commandant de ce dernier, qui s'identifie uniquement sous son nom de code, «Kostyl». Il explique qu'ils ne formaient un couple que depuis quelques mois: «Ils n'étaient pas ensemble depuis longtemps mais ils partageaient des principes de vie très similaires.» Comme lui, elle voulait vraiment se rapprocher de la guerre». «Elle voulait faire son devoir et sauver des vies aussi près du front que possible.»

«Des gens de moins de 30 ans meurent en combattant pour notre avenir»

Sur un selfie du couple, publié par les médias ukrainiens, on voit Valentyna Nagorna et Daniil Liachkevytch en train de sourire. Lui, barbe sombre, elle, cheveux teints en orange et le cou tatoué. Leur histoire en inspire d'autres. Une militaire de 24 ans, du nom de code de «Dzvinka», suivait depuis longtemps Valentyna Nagorna sur les réseaux sociaux.

«Je veux que les gens sachent que la jeunesse ukrainienne vit dans un monde complètement différent. On ne sait pas et on n'arrive pas à se souvenir ce que ça fait d'avoir une vie insouciante», dit «Dzvinka». «Des gens de moins de 30 ans meurent ici en combattant pour notre avenir», poursuit la jeune femme, présente à la cérémonie avec un groupe d'amis qui ont tous la vingtaine.

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