Aucune région pour Macron
Le parti du président et l'extrême-droite font chou blanc aux régionales

L'échec du parti d'Emmanuel Macron au second tour des élections régionales en France où il n'a conquis aucune région est «une déception pour la majorité présidentielle». C'est ce qu'a reconnu le délégué général de La République en marche (LREM), Stanislas Guerini.
Publié: 27.06.2021 à 21:01 heures
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Dernière mise à jour: 27.06.2021 à 21:05 heures

Les Français ont encore boudé les urnes dimanche au 2e tour des élections régionales. Les partis de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron accusent des échecs. La gauche et la droite peuvent prétendre à une nouvelle dynamique à 10 mois de la présidentielle.

Le parti du président français, créé en 2017 et qui n'a pas d'ancrage territorial, a subi un revers cuisant dès le premier tour dimanche dernier. Il n'était en mesure de l'emporter dans aucune des 13 régions.

La déception était également grande du côté du Rassemblement National de Marine Le Pen, qui évoque une «crise profonde de la démocratie locale». «La mobilisation est la clé des victoires à venir», a-t-elle prévenu avec la présidentielle en ligne de mire. Après n'avoir conquis aucune région, la politicienne d'extrême droite a néanmoins «donné rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin».

Défaite du RN dans le sud

«Ce soir nous ne prendrons pas de région», a-t-elle reconnu. Et de dénoncer des «alliances contre-nature» de la part des présidents sortants et d'affirmer que le résultat en Paca «démontre que la mobilisation est la clé des victoires à venir.» En Provence-Alpes-Côte-d'Azur en effet, le sortant Renaud Muselier des Républicains avait conclu une alliance avec La République en Marche, ce qui lui a permis de largement remporter le duel du second tour contre le candidat du RN Thierry Mariani avec 56,8% à 57,7% des voix.

Renaud Muselier, qui était resté seul en lice contre le candidat du RN après le retrait de la liste d'union de la gauche de l'écologiste Jean-Laurent Félizia, est crédité de 56,8% par l'Ifop, 57% par Elabe, 57,2% par Harris interactive et 57,7% par Ipsos Sopra-Steria, selon leurs premières estimations.

L'abstention, le premier parti de France

Mais le seul chiffre réellement déterminant de la soirée est celui de l'abstention. En effet, la participation au second tour des élections régionales et départementales s'établissait à 27,89% dimanche à 17h00 en France métropolitaine. Cela correspond à un point de plus qu'au premier tour (26,72%) et en chute libre par rapport aux régionales de décembre 2015 (50,54%) et aux départementales de mars 2015 (41,92%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

A 19h, une nouvelle estimation établit que près des deux tiers (66,3% selon une estimation à 19h00) des quelque 48 millions d'électeurs ne se sont pas exprimés, à peine moins que la semaine dernière qui avait marqué un record pour des élections depuis le début de la Ve République, en 1958. Les bureaux de vote ont fermé à 20h00.

«Je viens voter, mais ça ne sert à rien», résumait à Strasbourg Hugues Hubert, 66 ans, un retraité du secteur du transport, maillot de foot sur les épaules, et dont aucun des trois enfants ne se déplacera. «Voter pour la présidentielle, d'accord, mais pour les départementales, on ne sait rien. Que vont faire les candidats? Aucune idée».

Au-delà de cet enseignement sur la démocratie française, ce second tour a confirmé l'échec des partis de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron et le sursaut des partis traditionnels installés de longue date dans le paysage politique local. Le vote a permis aux barons de la droite et de la gauche d'affirmer que le suspens est relancé pour la présidentielle de 2022. Tous les présidents de régions sortants ont d'ailleurs été réélus.

La droite traditionnelle a le vent en poupe

Plusieurs ténors de la droite vont désormais prendre le vent de leur victoire aux régionales pour affirmer que les cartes de présidentielle peuvent être rebattues alors que les sondeurs prédisent une finale Macron/Le Pen.

«Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois. Le match à deux a du plomb dans l'aile», a estimé Xavier Bertrand, ancien ministre LR vainqueur dans la région des Hauts-de-France (Nord) et déjà candidat pour 2022.

La gagnante de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, et celui de la région Auvergne-Rhône Alpes (centre), Laurent Wauquiez, vont aussi se positionner.

La gauche n'est pas en reste

En face, les sortants de gauche l'emportent aussi dans plusieurs régions avec des alliances entre écologistes, socialistes et Insoumis (extrême-gauche). Mais aucun des élus de dimanche n'est sur les rangs pour concourir à la présidentielle et les chefs des partis ne sont pas d'accord pour une candidature unique.

Ce retour en force du clivage gauche/droite doit toutefois être analysé avec prudence et rien ne dit que le duel Macron/Le Pen pour la présidentielle sera remis en cause.

«Les partis traditionnels bénéficient du grand maillage territorial qu'ils ont maintenu. Le clivage gauche/droite persiste au niveau des institutions locales mais n'a pas de traduction pour l'instant au niveau national», estimait avant le scrutin Jérôme Sainte-Marie, le président de l'institut de sondage PollingVox.

(ATS)

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