À cause de la sécheresse
2,4 millions de personnes menacées par la faim au Kenya

Au moins 2,4 millions de personnes risquent de se retrouver en situation d'insécurité alimentaire sévère d'ici novembre en raison de la sécheresse qui sévit dans le Nord et l'Est du Kenya, a estimé vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM).
Publié: 01.10.2021 à 15:09 heures
Plus de 465'200 enfants de moins de cinq ans et plus de 93'300 femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition aiguë dans les régions arides du Kenya.
Photo: keystone-sda.ch

Cette projection alarmante est près de trois fois supérieure aux chiffres de l'an dernier à la même période, quand 852'000 personnes se trouvaient en insécurité alimentaire sévère entre octobre et novembre 2020, rappelle le PAM dans une note appelant à une mobilisation urgente de fonds.

Le président Uhuru Kenyatta a déclaré le 8 septembre l'état de catastrophe naturelle en raison de cette sécheresse, qui a déjà plongé au moins 2,1 millions de personnes dans la faim, selon l'Autorité nationale de gestion de la sécheresses (NDMA). «Ce chiffre devrait atteindre 2,4 millions de personnes à partir de novembre 2021», estime vendredi le PAM.

Le pays d'Afrique de l'Est est frappé par une accumulation de calamités ces dernières années, dont la plus récente est un manque de précipitations durant les saisons des pluies de fin 2020 (octobre-décembre) et début 2021 (mars-mai) notamment dans 23 comtés arides et semi-arides du nord et de l'est du pays.

Covid, criquets et inondations

«Cette sécheresse arrive après le Covid-19, qui a eu un impact économique énorme sur les moyens de subsistance. Elle arrive après des criquets (qui ont envahi une partie du pays fin 2019-début 2020, ndlr) et dans certaines régions, après des inondations», déclare à l'AFP la représentante du PAM au Kenya, Lauren Landis.

«Je redoute que la petite saison des pluies à venir, en octobre, soit mauvaise également, ce qui signifie que nous allons être dans une situation extrêmement désastreuse», prévient-elle, disant redouter des chiffres encore plus élevés.

«Je crains que nous atteignions le niveau de 2017, la dernière grande sécheresse au Kenya. Je pense qu'on peut craindre 2,5 millions de personnes touchées dans les mois à venir», estime-t-elle.

Aujourd'hui, plus de 465'200 enfants de moins de cinq ans et plus de 93'300 femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition aiguë dans les comtés arides et semi-arides.

Les pénuries d'eau et de nourriture affectent les cultures et le bétail, principales sources de revenus dans ces régions.

«La sécheresse engendre un conflit pour les ressources», souligne Lauren Landis: «Tout le monde cherche de l'eau, tout le monde cherche de la nourriture pour le bétail, les fermiers veulent faire pousser des cultures, tout cela avec des ressources limitées». «Cela ne fera qu'empirer», estime-t-elle.

L'ONU estime à 139 millions de dollars (120 millions d'euros) les besoins de financement immédiats. «Et c'est simplement pour pouvoir passer la prochaine saison des pluies», souligne Lauren Landis: «Si cette saison des pluies échoue (à fournir suffisamment d'eau), les besoins seront encore plus élevés».

(ATS)

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