Les nomades de Jajaffe poursuivent leur périple. Cette équipe de quatre potes sans resto fixe, qui vagabonde d'adresse en adresse pour des expériences pop-up, posera planches et couteaux les 2 et 3 septembre prochains dans le cadre du festival Electrosanne, à l'Arsenic à Lausanne. La carte est en cours d'élaboration, mais on sait déjà qu'une collaboration avec Bondi Empanadas accouchera d'une empanada, petit chausson en pâte feuilletée qu'on imagine passé à la moulinette de Felipe Raupp et Manfred-Gordon Baud, les deux cuistots de Jajaffe. Pour le reste, «ce sera une carte avec des plats entre 13 et 25 francs», lâche Guillaume Pavia, graphiste, serveur et «sommelier autodidacte». La quatrième larronne de l'équipe se nomme Isabelle Stauffer, photographe indépendante.
L'équipe de Jajaffe revient de loin. En 2021, au culot et sur un coup de tête, les quatre amis s'associent à la gérante d'un restaurant lausannois, Le Tournesol. Celle-ci ouvre les midis, et eux certains soirs en semaine. «On voulait un restaurant avec un esprit punk, accessible, miser sur l'aspect local, le tout dans une ambiance de bistrot de quartier», raconte Guillaume Pavia. La formule est une aubaine pour se lancer à peu de frais. Hélas, la redoutable réglementation lausannoise et son marteau de 100 tonnes leur tombe sur le coin de la figure: «On nous a dit que l'heure de fermeture des lieux était définie à 22 heures depuis 2012, et que pour modifier cet horaire incompatible avec le fonctionnement d'un restaurant, il fallait établir un permis de construire», poursuit Guillaume Pavia.
Financement participatif réussi
C'est à la suite de cette tuile que Jajaffe s'est retrouvé sans resto fixe. «Il y a eu un gros élan de soutien de la part de nos potes dans la restauration qui nous ont accueillis en résidence», se souvient le néo sommelier. Deli Social, Le café des artisans, Le café des philosophes les ont hébergés pour des soirées ponctuelles. Puis dernièrement La Grenette, où ils ont pu sévir midi et soir jusqu'à la fin juillet.
Mais leur projet perso n'était jamais bien loin dans leurs pensées. Ils ont finalement décidé d'établir une demande de permis de construire: ça ne fera pas de mal aux locaux du Tournesol, qui baignent dans leur jus depuis 40 ans.
Problème: le budget du rafraîchissement est évalué à 35'000 francs. Un financement participatif est alors lancé sur la plateforme Wemakeit et à la clôture le mois dernier, 38'000 francs ont été récoltés. Victoire! Le temps de régler les derniers détails du permis de construire, de mettre à l'enquête, «les travaux pourraient démarrer en octobre, pour une ouverture en décembre ou janvier prochains», espère Guillaume Pavia.
En attendant de découvrir enfin l'équipe en ses murs tout beaux tout propres, on pourrait retrouver Jajaffe en résidence cet automne, cette fois en dehors du canton de Vaud, glisse Guillaume Pavia.