Par manque de personnel
Un chef prestigieux contraint de fermer son hôtel en Valais

Mario Inderschmitten a fait partie de l'équipe nationale des cuisiniers. Il a 15 points Gault&Millau mais ne trouve pas de personnel pour son hôtel en Valais. Contraint de le fermer, le chef déplore une situation compliquée pour le domaine de la restauration.
Publié: 13.07.2022 à 16:01 heures
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Le site Internet de l’hôtel Albrun à Binn (VS) indique que Mario Inderschmitten et sa femme Laetitia ont décidé de fermer l'établissement par manque de personnel.
Photo: PD
Patrik Berger

Les mots de Mario Inderschmitten sur le site Internet de son hôtel Albrun à Binn (VS) sont clairs: «C’est le cœur lourd que nous avons décidé de fermer l’hôtel à la fin de l’hiver 2023. Le manque constant de collaborateurs ainsi que les prix en hausse dans le secteur de la restauration nous empêchent d’envisager un avenir pour l’hôtel Albrun.»

Pendant la haute saison, de juillet à août, huit employés travaillent normalement dans l’établissement. Mais pour cet été, les choses ne s’annonçaient pas bien. Six postes sont encore vacants aujourd’hui. «Nous cherchons du personnel de service depuis six mois. Nous avons aussi besoin d’aides pour les chambres et d’une aide de cuisine», explique Mario Inderschmitten. Lui-même est en cuisine.

«Je suis seul en cuisine, c’est épuisant»

Cuisinier et pâtissier de formation, il a fait partie de l’équipe nationale suisse des cuisiniers et compte 15 points Gault Millau. Cela n’attire pourtant pas les employés. «Je suis seul en cuisine, c’est épuisant», se plaint-il. Sa femme, Laetitia, sert les clients au restaurant et s’occupe de l’hôtel de onze chambres.

Mais pourquoi Mario Inderschmitten ne trouve-t-il pas de personnel? «Binn est très isolé, c’est certainement un facteur décourageant», déplore-t-il. La pandémie y est aussi pour quelque chose: «Beaucoup ont probablement remarqué pendant le confinement à quel point il était agréable d’avoir congé le soir et le week-end. Ils n’auront plus envie de revenir dans le domaine de la restauration.»

Une décision à contrecœur

La hausse des prix inquiète aussi beaucoup Mario Inderschmitten. «Depuis le début de la guerre en Ukraine, tout devient plus cher», explique-t-il. Il ne peut pas répercuter la hausse de prix sur les clients, au risque de les faire fuir.

Ainsi, après de longues discussions avec sa femme, ils ont décidé de fermer cette maison riche en traditions. «Au bout d’un moment, il faut malheureusement prendre une décision, souffle Mario Inderschmitten. C’est pourtant tout sauf facile d’abandonner une entreprise familiale. Nous l’avons reprise de mon père il y a bientôt neuf ans. Le fait que l’entreprise fonctionne très bien rend les choses encore plus difficiles.»

«Après un temps, on perd le plaisir de travailler»

C’est le cœur lourd qu’il s’était d’abord résolu à adapter le menu. «Nous avons fortement réduit l’offre à la carte», se rappelle Mario Inderschmitten. Au lieu des 15 à 20 plats proposés jusqu’à présent, il n’y en avait plus que cinq ou six sur la carte et qu’un menu pour les clients en demi-pension: «Pendant un certain temps, on peut fonctionner avec un service réduit. Mais après un temps, on perd le plaisir de travailler.»

C’est pourquoi l’hôtel Albrun de Binn devrait fermer ses portes en avril ou en mai. Et ensuite? «C’est encore à décider, dit le chef. Ce qui est clair, c’est que nous voulons rester en Valais. Et commencer quelque chose de nouveau plus loin dans la vallée.»

(Adaptation par Lliana Doudot)

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