La prochaine édition du FIFF (Festival international de films de Fribourg) se tiendra du 17 au 26 mars 2023. Le focus? Les films culinaires, miam!
La bouffe dans les films? Entre «La grande bouffe», «Délicieux», «Chef», «The Lunchbox» ou «Charlie et la chocolaterie», la liste est longue. Rien de surprenant, donc. «Un festival, ça se prépare un peu comme on prépare un menu, assure même Thierry Jobin, directeur du festival. Et un film se déguste comme un repas; on parle souvent de ses ingrédients, de sa saveur, de ses épices...»
Tout cela s'accorde à merveille, puisque Fribourg a été nommée capitale suisse du goût pour 2023. Le FIFF a recensé quelque 250 films culinaires. Parmi eux, 50 longs-métrages ont été sélectionnés pour la section Les désirs du public et c'est là que vous entrez en jeu, chers cinéphiles épicuriens: vous avez jusqu'au 6 novembre pour voter pour les cinq œuvres que vous rêveriez de voir sur grand écran.
«Les films sur des gens qui ouvrent un restaurant et doivent réussir sont très à la mode, note Thierry Jobin. Mais on a aussi des portraits de chefs, des documentaires... La France et les pays asiatiques sont très forts pour faire des films qui donnent faim par exemple. Il y a vraiment des choses stupéfiantes».
Selon le directeur du festival, les films culinaires explorent de nombreux sujets tels que l'appropriation culturelle, les influences, les chocs de culture ou encore la place des femmes dans la société: «Et quand les aliments se révoltent, ça pose aussi des questions sur l'écologie et les modes de consommation.» Quant au cannibalisme, il devrait probablement se retrouver dans les séances de minuit. En attendant, tout ça nous a inspiré notre propre sélection, que nous vous livrons là, comme ça, gratuitement, parce que ça fait plaisir et parce que la vie est belle, surtout quand c'est l'heure de manger.
«L'attaque de la moussaka géante»: le nanar à la grecque
A la suite d'une téléportation ratée, un rayon extraterrestre touche accidentellement une part de moussaka. Rapidement, l'aliment marron se transforme en monstre géant semant la mort et la désolation dans les rues d'Athènes en écrasant, en dévorant et en projetant des geysers de sauce mortelle sur son passage.
Franchement, avec un pitch pareil, on a envie de tout, sauf de passer à côté de cette oeuvre réalisée par Panos H. Koutras, qui s'annonce de toute beauté! Du Grace Jones sur la bande-annonce, des looks extraordinaires, des jeux d'acteur hors du commun et des effets spéciaux terrifiants: nous voilà conquis. Et cerise sur le Galaktoboureko: ça parle grec.
«Cuisine et dépendances»: le repas qu'on ne voit jamais
Jacques et Martine, un couple de bourgeois ordinaires, ont invité des amis à dîner. Dans le groupe, certains ont bien réussi dans leur vie tandis que d'autres ont eu moins de succès. La spécialité de ce film, mis en scène par Philippe Muyl et adapté de la pièce de théâtre du même titre d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, est que le spectateur ne verra jamais le fameux repas. Il sera seulement témoin de ce qu'il se passe en cuisine: petites embrouilles, petits drames, petits secrets, ragots, médisances... et préparation des plats, bien sûr.
Un cocktail explosif auquel on veut absolument goûter! D'abord parce qu'on ne dit jamais non à un Bacri-Jaoui et que tous les deux jouent dedans. Ensuite, parce qu'on avait vu la pièce de théâtre il y a quelques années et qu'elle nous avait vraiment fait hurler de rire.
«Le trou normand»: le titre le plus alléchant
C'est vrai, rien qu'avec un titre pareil, on a envie de se boire un petit coup de Calvados face à un plateau de fromages composé d'un livarot, d'un neufchâtel, éventuellement d'un petit bout de camembert, et surtout d'un bon morceau de pont-l'évêque bien coulant. Sorti en 1952, c'est le film le plus old school de notre sélection. On s'éloigne ici quelque peu de la thématique culinaire pure, pour se concentrer davantage sur la transmission d'un établissement - en l'occurrence d'un restaurant - d'une génération à une autre.
Bourvil, Jane Marken et Brigitte Bardot (pour qui c'était le premier film, à l'âge de 17 ans) se donnent la réplique devant la caméra de Jean Boyer. Le pitch? Trentenaire un peu naïf qui n'a pas fait grand-chose de sa vie, Hippolyte Lemoine vit dans un petit village du Nord de la France. Lorsqu'il hérite de l'auberge que lui lègue son oncle, nommée Le Trou normand, l'homme doit retourner à l'école pour obtenir son certificat d'études. Entre les bâtons dans les roues mis par les jaloux et l'aide des amis, parviendra-t-il à ses fins?
«Tampopo»: le séducteur
On était très tentés de voter pour «La saveur des Ramen», du réalisateur singapourien Eric Khoo, fin épicurien, mais il fallait choisir entre ramen et ramen et on a finalement jeté notre dévolu sur «Tampopo», du réalisateur japonais Jūzō Itami.
Il ne s'agit non pas d'un western spaghetti, mais d'un western ramen, probablement seul et unique film appartenant à cette catégorie. Dans cette comédie à la fois sensuelle et inventive, une restauratrice japonaise tente de trouver la recette ultime de la soupe de ramen, avec l'aide d'une équipe menée par un homme mystérieux et solitaire. D'autres histoires traversent le film, toutes liées à la cuisine, allant d'aventures érotico-alimentaires à un dîner d'affaires…
Inspiré à la fois de films de gangsters, de westerns et de bandes dessinées, cet ovni met directement l'eau à la bouche. Fait rare, il récolte 100% d'avis positifs sur le site de critiques Rotten Tomatoes.
«Ratatouille»: comme un bon plat bien régressif
Certes, cette petite pépite d'animation signée Brad Bird n'est pas inconnue au bataillon, mais on ne s'en lasse jamais. Ah, quand le rat Rémy hume les saveurs des cuisines parisiennes, qu'il touille ses sauces avec tendresse ou qu'il nous parle de distinguer «cette touche de raisin légèrement piqué»! Là on est dans la passion pure, dans l'amour, dans l'art... Et dans la réalisation des rêves les plus fous, envers et contre tout. Car vouloir devenir un grand chef français n'est pas chose commune chez les rats, la famille de Rémy ne le soutient pas, mais alors pas du tout, et la profession a une sainte horreur des rongeurs... Heureusement, sa rencontre avec Linguini, piètre commis de cuisine, va lui permettre d'explorer son talent inné...
En bref, une grande histoire d'amitié qui n'est pas loin de nous faire verser quelques larmes, des personnages hilarants, des scènes bourrées d'humour, une jolie morale, et une façon de dépeindre la gastronomie qui est ce qu'on a vu de mieux à l'écran. Et que donc on va peut-être bien aller se relancer le DVD là tout de suite maintenant - avant de le revoir, sûrement, sur grand écran au FIFF en mars prochain.