«Nous n'avons pas dit notre dernier mot»
Le spécialiste suisse du solaire va quitter l'Allemagne pour les USA

Il y a un mois déjà, l'entreprise avait annoncé vouloir fermer son usine en Allemagne. Meyer Burger met désormais un terme à la production sur ce site et met en danger environ 500 emplois.
Publié: 23.02.2024 à 18:32 heures
Partager
Écouter
Le marché américain est mieux protégé contre la concurrence chinoise et le gouvernement soutient mieux la branche que ne le fait l'Europe. (Image prétexte).
Photo: AFP
Michael Matthes

L'entreprise solaire Meyer Burger est au bord du gouffre: après des tergiversations sur le sauvetage de la production à Freiberg, dans l'est de l'Allemagne, la fermeture semble désormais inévitable. À l'avenir, le spécialiste suisse de panneaux solaires misera probablement sur la carte américaine pour sa production et aura besoin de beaucoup d'argent pour cela.

La production à Freiberg n'est plus rentable. En effet, le marché des modules solaires est actuellement fortement perturbé par une offre excédentaire et un dumping des prix en provenance de Chine et, selon un communiqué publié vendredi, aucune décision n'a encore été prise du côté politique concernant d'éventuelles mesures de soutien.

C'est pourquoi le groupe a décidé de stopper la production dans un premier temps durant la première quinzaine de mars. «Mais le tout dernier mot n'a pas encore été dit pour Freiberg», a déclaré le CEO Gunter Erfurt.

Meyer Burger mise tout sur les États-Unis

La production de modules et de cellules solaires doit être transférée aux États-Unis. Pour cela, on investit à fond dans l'achèvement de la production de cellules solaires à Colorado Springs et à Goodyear en Arizona. Les deux usines sont actuellement en construction et le calendrier n'a pas changé. Une fois les travaux terminés, Meyer Burger espère que chacun des sites aura une capacité de production annuelle d'environ 2 gigawatts; à moyen terme, un EBITDA annuel d'environ 250 millions de francs devrait être généré par les activités américaines.

Meyer Burger se voit contraint de s'implanter aux États-Unis en raison de la concurrence à bas prix de la Chine. Le marché américain est mieux protégé contre la concurrence chinoise et le gouvernement soutient mieux la branche que ne le fait l'Europe. La restructuration du groupe coûte de l'argent et Meyer Burger puise dans différentes sources pour la réaliser. Il s'agit de combler le déficit de financement de 450 millions de francs afin que le groupe puisse à nouveau dégager un cash-flow positif à moyen terme.

L'entreprise lance ainsi une augmentation de capital dans le cadre d'une émission de droits de souscription de 200 à 250 millions de francs. Pour approuver ce financement, Meyer Burger a convoqué une assemblée générale extraordinaire pour le 18 mars.

«Déclaration forte» du plus grand actionnaire

Le principal actionnaire, Sentis Capital Cell 3 PC, qui détient 10% de Meyer Burger, a l'intention d'investir 50 millions de francs, selon les informations fournies. «C'est une déclaration très forte de notre grand actionnaire», souligne le PDG Gunter Erfurt. Le management et le conseil d'administration participeront également à l'augmentation de capital dans le cadre de leurs parts.

Par ailleurs, le gouvernement allemand aurait approuvé une garantie de crédit à l'exportation pour le financement par une banque d'un montant pouvant atteindre 95 millions de dollars US. Le PDG n'a pas voulu préciser si cette garantie était liée au maintien des sites allemands. Il a toutefois précisé que le site de Thalheim ainsi que la recherche et le développement en Allemagne n'étaient définitivement pas concernés par ces mesures.

Le PDG Gunter Erfurt est optimiste sur le redressement de l'entreprise.

Par ailleurs, Meyer Burger tente d'obtenir un prêt aux États-Unis grâce au versement anticipé des économies d'impôts escomptées, qui devrait rapporter jusqu'à 300 millions de dollars US sur une durée pouvant aller jusqu'à six ans. Une première tranche pourrait être versée à la fin du deuxième trimestre. Meyer Burger estime que les futurs crédits d'impôt aux États-Unis s'élèveront à 1,4 milliard de dollars.

Une autre mesure de financement qui est poursuivie est un prêt du Ministère américain de l'énergie d'un montant de 200 à 250 millions de dollars. Comme le plan de dépenses s'étend bien au-delà de 2024, il y a une certaine flexibilité, explique le chef d'entreprise. «Nous pouvons aussi renoncer à l'un ou l'autre instrument, nous sommes également variables quant au montant».

(Avec SDA)

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus